Après une longue journée à arpenter les rues crasses de ma ville, je pensais enfin pouvoir me détendre avec un verre de bourbon. Mais sur le seuil de ma porte, je découvris une étrange enveloppe. Dessus y figurait la lettre « F », accompagnée d’une tache de sang. Le message contenait une curieuse suite de chiffres et de lettres. Ma soirée détente consista donc finalement à rechercher leur signification. Je finis par découvrir qu’il s’agissait du code pour le jeu Chicken Police : Paint it Red, développé par The Wild Gentleman.
Cela fut le début d’une longue nuit que je m’efforcerais de vous narrer.
L’animalerie dans toute la ville
Chicken Police : Paint it Red est un jeu d’enquête qui se déroule dans un univers sombre rempli de personnages anthropomorphiques. Nous y incarnons Sonny Featherland. Un poulet (au sens propre comme au figuré) à cent-vingt jours de la retraite.
Un soir, une mystérieuse impala vient nous demander de l’aide. Sa maîtresse reçoit des menaces de la part d’une personne mal intentionnée.
Dans cette aventure qui sent la fumée froide et le relent d’alcool bon marché, sur fond de musique jazz, nous devons sillonner les rues de Clawville, afin de trouver des indices et interroger toute la faune locale. Pour cela, nous aurons l’aide de notre coéquipier, Marty McChicken. Une sympathique volaille ne se baladant jamais sans son fusil à pompe.

Chats et souris semblent bien s’entendre
La ville offre un background intéressant dans lequel nos personnages devront évoluer. Le blason de celle-ci représente ses fondateurs (les prédateurs, les oiseaux et les bovidés). Ils ont réussi à rendre la prédation illégale, afin que toutes les espèces puissent y vivre normalement. Pourtant, les divisions régissent la vie quotidienne des habitants. Les lézards sont discriminés et les insectes sont parqués dans un ghetto où la chasse est encore d’actualité et où la police ne vient jamais.
En plus de tout ça, deux mouvements politiques s’y opposent : les royalistes et les séparatistes. Ces derniers veulent renverser le roi (qui est un prédateur) et interdire les relations interespèces. Bref, une joyeuse basse-court dans laquelle il faudra tenter de résoudre une enquête.

C’est pas juste en noir et blanc
Je dois cliquer où ?
En pratique, on se retrouve avec un point and click des plus classiques. Il suffit de se rendre à certains points d’intérêt de la ville, de chercher des objets, parler avec différents personnages, afin d’en apprendre le plus possible avant de passer aux interrogatoires. Le jeu ressemble ainsi plus à un film où l’on décide avec qui notre protagoniste discutera, qu’à un jeu nous donnant différents choix. Un peu comme dans un autre jeu d’enquête anthropomorphique testé par nos soins: Blacksad.
Rien de compliqué avec Chicken Police. Les interrogatoires ne sont pas difficiles si l’on est un minimum attentif. L’enquête que l’on doit mener à la fin de chaque chapitre donne l’impression d’être un bête résumé de l’histoire que l’on vient de voir. Le challenge et le triturage de méninge ne font pas partie de ce titre et en reste le gros point noir.

À nous de lui sortir les vers du nez
Il ne faut s’y tromper, car tout le charme du jeu réside dans la variété des personnages et leur doublage de grande qualité. On prend plaisir à écouter toutes les lignes de dialogue qui nous sont proposées. Certains individus sont particulièrement iconiques, à l’image d’une femelle crocodile, ancienne espionne du roi et patronne d’un luxueux bordel où se côtoient les élites de la ville.
Les dialogues nous donneront d’ailleurs l’occasion d’entendre les nombreux jeux de mots animaliers, nés dans l’esprit débridé des développeurs. La traduction des sous-titres français est aussi très bonne (J’ai beaucoup aimé l’expression : poussin de merle).
À de rares occasions, le gameplay nous donnera la possibilité de vider quelques chargeurs, mais ces passages ne proposent rien d’intéressant et font penser à des phases de tirs tout droit sorties d’un jeu qui tourne sous DOS. La tentative de varier le style de jeu est honorable, mais au final, ces moments n’apportent rien de plus au titre, et tendent à nous extirper de la très bonne ambiance de Chicken Police.

Niveau Frank Drebin. C’est bien non ?
C’est l’histoire de deux poulets
Dans un premier temps, l’histoire paraît alléchante, avec un background complexe. Elle donne envie d’explorer la ville et de mieux la connaître. Clawville est traitée comme un personnage à part entière. Toute l’histoire tourne autour d’elle et de son influence.
Les comparaisons avec le livre de George Orwell La Ferme des animaux ou le film Zootopia s’imposent d’elles-mêmes, au vu des thèmes abordés. Les luttes de classes pour Georges et le mélange des espèces au sein d’une même société pour Disney. Le tout saupoudré d’une ambiance au style du film Le faucon maltais de 1941. Malheureusement, ces thèmes ne sont que survolés et rarement approfondis. Laissant un sentiment de possibilités mal exploitées.
Au final, l’histoire est plutôt banale avec quelques rebondissements qui tombent à plat et une conclusion des plus facile. Une aventure que l’on nous a narrée déjà de nombreuses fois sous différentes formes.
Comme cité plus haut, les personnages ainsi que le doublage représentent les gros points positifs de ce titre. La musique colle également parfaitement à l’ambiance sombre et jazzy de Clawville.
Il ne me restait maintenant plus qu’à envoyer mon rapport à « F ». Sombre histoire que celle-ci, foi(e) de poulet.
Note : 6 bouteilles de bourbon / 10
Testé sur PS4. Également disponible sur Nintendo Switch, Xbox One et PC