PlayLink et non pas PlayZelda [Frantics; Hidden Agenda; Knowledge is Power, PS4]

La prochaine fois que vous serez invités chez les Durand, ne vous faites plus de soucis, vous n’aurez pas à trouver une excuse pour échapper au Scrabble, aux photos de vacances ou aux avances assez lourdingues de sous-entendus d’Étienne, qui aimerait visiblement porter l’amitié entre vos couples à un autre niveau. Non, maintenant vous avez la solution, vous allez tous pouvoir jouer via Playlink.

Dans la pure lignée des Buzz !, jeux de questions-réponses sortis sur PS2, puis PS3, Sony propose une manière originale de partager un moment autour de la console. L’idée de Playlink est d’attirer des gens qui ne sont pas amateurs de jeux vidéo (personne n’est parfait) et leur permettre de ne pas se sentir laissés sur la touche, puisque c’est leurs smartphones qui serviront de contrôleurs. Malin, sachant que personne ne sort sans de nos jours et que leur utilisation ne rebute pas. Ces néophytes se livreront donc à la pratique d’un jeu vidéo sans même s’en rendre compte. Oui, même ceux qui jouent à Candy Clan of Animal Farm Go et prétendent toujours haut et fort que, eux, haha, ne jouent pas aux jeux vidéo. Bref, il suffit que tout le monde se connecte au même réseau wifi que la console et que chacun télécharge l’application correspondante (une par jeu, mais gratuite). Nous avons essayé les trois titres principaux de cette gamme (vendus séparément).

Frantics (4 joueurs max. Pour toute la famille.)

Commençons par celui qui a le moins bien fonctionné parmi les concurrents non joueurs. Frantics propose une série de mini-jeux, comme le ferait un Mario Party. Sous les injonctions d’un renard dandy et flegmatique en robe de chambre, on se livre une rude compétition autour de quinze épreuves, en dirigeant des animaux à l’air hagard. En orientant son téléphone, en lui donnant des impulsions ou en appuyant sur l’écran tactile, on tente de récupérer le plus de pièces possible et d’écarter les autres joueurs. Bien entendu, des alliances sournoises ne sont pas à négliger. Malheureusement, ces mini-jeux sont un peu tristounets, ou au mieux mous du genou. Et comme je le disais en guise d’introduction, le fait que ce titre soit celui qui s’approche le plus d’un jeu vidéo « traditionnel » le désigne aussi comme le moins accessible. Les non-habitués ont du coup attribué mes victoires consécutives au fait que, je cite : « ouais, mais toi tu connais bien les jeux vidéo ». Derrière cet argument qui pourrait sembler de mauvaise foi, il se trouve effectivement que Frantics perd un peu de vue le concept de départ. Du côté des joueurs réguliers, on aurait alors une préférence pour disputer ces joutes manette en main. Une bonne idée, mais mal à propos.

Note : 5 gentlemen sur 10

Hidden Agenda (de deux à six joueurs, déconseillé aux moins de 16 ans)

Le studio Super Massive nous a livré le très prenant Until Dawn, dans lequel on suivait une bande d’adolescents aux prises avec un tueur en série bien taré. Plutôt dans le style du film interactif, chacune de nos actions avait des conséquences, pouvant conduire jusqu’à la mort de certains personnages. La même équipe remet le couvert avec Hidden Agenda, dont le nom provient d’un terme médical désignant les demandes non exprimées par un patient lors d’une consultation (pratique de jouer avec des amis médecins) [NDZyvon: demande à tes amis politologues, ça vient aussi de là]. On combine l’idée du film interactif avec celui des objectifs dissimulés, on mélange le tout avec un scénario à base d’enquête policière bien glauque et on obtient un cocktail bien ficelé. Régulièrement, le « film » s’interrompt pour laisser le temps aux joueurs de proposer un choix. Faut-il que les deux agents de police se séparent pour couvrir plus de terrain (Scoubidou bidou, where are you ?) ? Ou qu’ils restent groupés ? Selon le mode de jeu choisi, les joueurs devront soit collaborer et définir ensemble la suite à donner à l’histoire, soit tenter d’accomplir leurs propres objectifs (astucieusement transmis via le téléphone de chacun). Pour avoir essayé les deux, le mode collaboratif, bien que moins original, fonctionne mieux. En effet, la mécanique de l’objectif caché a du mal à s’intégrer et il est soit trop facile, soit impossible de savoir qui a essayé de jouer perso. Le problème vient surtout du scénario qui est un peu faible. Alors c’est en l’envisageant comme un nanar et en faisant des choix fantasques qu’on se paye de bonne tranche de rigolade. Mieux vaut ne pas trop se prendre au sérieux.

Note : 7 John Doe sur 10

 

Knowledge is power (de deux à six joueurs, pour toute la famille)

J’ai gardé le plus fun pour la fin. Knowledge is Power est le titre le plus proche de ce que Buzz ! avait à offrir. On y choisit un personnage loufoque (amour tout particulier pour le M. Hot Dog qui agite sa saucisse en secouant son bassin quand il gagne [NDZyvon2: pour toute la famille? REALY?]), que l’on combine avec sa meilleure tronche de selfie, avant de se lancer dans une course aux points. Ceux-ci s’acquièrent en répondant correctement et le plus vite à une série de questions. À chaque nouveau tour, quatre thèmes sont proposés, parmi lesquels on peut voter. Il est possible de faire valoir un passe-droit pour valider son propre choix, sinon la catégorie ayant récolté le plus de voix est confirmée. N’attendez pas une ambiance déjantée à la Burger Quiz dans ces choix. Les questions sont tout ce qu’il y a de plus sérieuses et vous méninges vont être mis à l’épreuve (rien de trop difficile non plus). Ponctuellement, des défis demandent d’associer des duos (un auteur et le titre de son œuvre, des comiques, etc.) ou de trier des énoncés (peintre ou écrivain, etc.) rapidement. Pour pimenter le tout, il est possible de saboter la démarche des autres, en masquant les réponses sur leurs téléphones ou en rendant pus difficile la possibilité d’appuyer sur les boutons (avec de la glace à casser ou des bombes à éviter, par exemple). Il s’agira alors de penser stratégiquement pour savoir qui favoriser ou ralentir. Le concept fonctionne bien, tout en étant facilement accessible. En revanche, le rythme est sacrément lent. Les animations entre les séries de questions, censées soutenir l’ambiance, sont trop répétitives et ne peuvent pas être accélérées. De la même manière, les pièges ont une efficacité relative puisque, généralement, il est assez rare de voir le classement s’inverser avant la fin. Il s’agit plutôt d’un affrontement entre les deux ou trois joueurs du sommet. Ce manque de rythme conduit souvent à une certaine lassitude, contrairement à Buzz ! en son temps. Knowledge is Power permettra néanmoins de passer de chouettes moments avec vos amis. Et si ce n’est pas le cas, choisissez mieux vos potes, aussi.

Note : 8 Jean-Pierre Foucault sur 10

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

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