Mi-roir, mi-décéption [Mirror’s edge Catalyst, Xbox One]

C’est presque prêt, à table! s’exclama Mush, une pince à grill dans une main et une assiette dans l’autre, avant d’ajouter: Tu fais quoi? Grouille!Ouais, ouais, juste encore 5 min, répondis-je, vaguement, l’air absorbé, Je fini de tester le nouveau Mirror’s Edge. – Tes merguez tu les veux à point ou saignantes? – …

Mirror's Edge™ Catalyst Faith xbox one

Est-ce bien réciproque?

Devant ces considérations culinaires, je préfère me replonger dans la rédaction de cet article. C’est vrai quoi, fait chaud là, je sue rien qu’à taper sur mon clavier, alors je n’ose pas imaginer l’autre avec son grill. Enfin bref. Après avoir parcouru le communiqué de presse je retiens que gnin gnin gnin suite qui se passe en fait avant, gnin gnin gnin Faith la postière, gnin gnin gnin monde ouvert, gnin gnin gnin missions secondaires, gnin gnin gnin plus fluide, gnin gnin gnin histoire dramatique, gnin gnin gnin amazing. Bon ben ça me paraît très clair tout ça. Il s’agit donc toujours de faire du parkour* à la première personne sur les toits d’une mégapole, en évitant les méchants qui sont pas gentils et qui essayent de nous tirer dessus, parce qu’on est parmi les gentils révolutionnaires sympas. Le premier opus était sorti en 2008 sur les grandes soeurs de nos consoles actuelles. Je garde un très bon souvenir de ce titre qui amenait comme un courant d’air frais et original. Plutôt soutenu par la critique, le jeu ne s’était pourtant pas bien vendu. Donc qu’est-ce qu’on fait quand un jeu ne se vend pas bien? On sort une suite. Je pourrais faire mon aigri habituel, mais je reconnais que réfléchir sur pourquoi un jeu n’a pas marché et tenté de l’améliorer, c’est plutôt ce que l’on DEVRAIT attendre de notre industrie chérie!

Mirror's Edge™ Catalyst ghost

Pensez rapidement à désactiver le « sens urbain complet », sous peine de vous contenter de suivre ce serpentin rouge.

 

Mirror's Edge™ Catalyst ghost

Va, cours, vole, et nous venge, disaient les parents de Faith.

Cependant, virgule, pour que cette démarche soit cohérente et que l’on n’ait pas l’impression de se faire pigeonner, il faut effectivement qu’il y ait amélioration.  Ajout ça il y a, indéniablement. D’abord sous la forme d’un monde plus ouvert. On peut maintenant se balader plus librement et choisir plusieurs itinéraires, même si j’avais plus le souvenir d’un sentiment de liberté plutôt que directif dans le premier, mais soit. Un mode multi-joueurs débarque aussi en faisant des cabrioles: placez deux repères où vous le voulez et les autre joueurs devront essayer de les relier le plus vite possible. Boarf, ça intéressera peut-être les amateurs de speed run. A côté de ça, le scénario est en mousse. Mais de la mousse toute douce hein, celle qui passe partout. Des documents racontant l’enfance de Faith sont éparpillés un peu partout, comme des enregistrements de discussion de ses parents. Ce qui, en plus de n’être pas logique, ne représente qu’un intérêt très moyen. Les personnages sont en carton-pâte, de par leur manichéisme, mais aussi par leurs attitudes « si je bouge pas trop, il n’y a pas trop besoin de m’animer ». Toute l’intrigue se déroulant sur les toits, je conviens assez facilement que c’est plutôt normal de ne pas croiser foule. Mais les quelques PNJ (notamment là pour confier les quêtes secondaires) sont bluffants d’inexpressivité. À l’image de ces gens qu’on distingue parfois dans les bureaux à travers les fenêtres des immeubles et qui semblent figés dans une éternelle pause café. Pas étonnant que cette ville parte en cacahuète si les gens sont pas foutus de bosser la moindre. Ah ça, ça manifeste contre la loi travail et pour le RBI, j’en suis sûr! Les quêtes secondaires, d’ailleurs, parlons-en. Il ne s’agit que d’une succession de demandes de colis à transporter le plus vite possible d’un point à un autre. Pour une fois qu’on joue une coursière (et non pas « une coursive », sinon ce serait bizarre), c’est plutôt logique dans le paysage! Sauf que… voilàààà, ça reste mezzo passionnant à faire.

Si je bouge pas, elle me voit pas...

« Si je ne bouge pas, elle me voit pas… »

 

Mirror's Edge™ Catalyst multijoueur xbox one

Une fois arrivé au départ d’une course posée par un autre joueur, on a accès aux meilleurs temps à battre.

Miroir mon beau miroir, dis-moi si mon jeu est joli? Ben il est pas moche, sans être super beau non plus. Je sais que le côté très aseptisé de la ville (à peu près l’antithèse de celle de Blade Runner) en a fait grogner plus d’un, mais ça ne m’a pas vraiment dérangé. Dans le premier déjà, le fait que tout soit blanc permettait de faire ressortir les éléments du décors utilisables. En revanche, je trouve que le fait de passer en « monde plus ouvert » amène une perte de lisibilité. Pour un jeu qui met en scène une ninja moderne, agile et fluide (je n’utiliserai pas le terme « Yamakasi »  dans ce texte…. et merde), c’est fort dommage de ne pas pouvoir enchaîner les figures car on ne voit pas où aller. Le problème se situe sûrement entre la manette et le canapé, me retoquerez-vous, mais vous êtes de mauvaise foi. Dans mes souvenirs, le premier offrait plus ce sentiment de « flow ». On pouvait aussi beaucoup plus facilement y éviter les combats. Dans les nouveautés, on note également « une dynamisation des combats » et là je dis zut en bougonnant. Catalyst propose à plusieurs reprises des affrontements contre les forces de l’ordre. Dans la mesure du possible « Fuyez, pauvres fous » (Gandalf le Gris, 3018) et esquivez-les. Premièrement parce que c’est plus grisant de leur échapper par une glissade, et surtout parce que ces phases souffrent d’une raideur très désagréable. Dommage, parce que j’y fait les mêmes reproches qu’à son cousin Remember Me de Dontnod: l’idée de base est intéressante mais s’emmêle les pinceaux par l’ajout de phases de combat lourdingues.

Mirror's Edge™ Catalyst grapin xbox one

L’apparition du grappin amène de nouvelles possibilités intéressantes, mais j’aurais préféré une liberté à la série Batman Arkham, au lieu de ne pouvoir l’utiliser qu’à des endroits spécifiques.

 

Mirror's Edge™ Catalyst map xbox one

En se connectant au site www.mirrorsedge.com/map, on peut afficher une carte moins détaillée mais en temps réel sur une tablette à côté, par exemple.

Donc ma visite dans cette ville étincelante n’est que moyennement convaincante. C’est un jeu mettant en avant le principe de liberté (dans son gameplay, comme dans son propos) mais on repasse quand même beaucoup trop souvent dans les mêmes endroits. Certaines missions sont quand même assez exaltantes, comme ce moment où l’on se retrouve tout au sommet d’une grue, elle-même perchée sur le toit de l’un des buildings les plus haut. Je n’ai pas encore terminé le jeu, mais je sens que je vais le laisser un peu reposer avant d’y revenir.  Si vous n’avez pas fait le premier, laissez vous tenter car le principe du jeu reste très intéressant, mais plutôt à considérer comme des petits trips à se faire ponctuellement que pour suivre son intrigue. Mirror’s Edge Catalyst c’est un peu comme des merguez: c’est pas mauvais, ça picote la langue, mais ton barbecue c’est surtout pour les côtelettes que tu l’as allumé. – Voilààà j’arrive! Il reste de la moutarde?

*Mon correcteur orthographique ne souligne plus ce mot. Le futur c’est déjà maintenant.
Mirror's Edge™ Catalyst sommet xbox one

Hiiii avant j’étais touuuut là en bas.

Note: 5 ville de lumière j’ai besoin de toi sur 10

Jeu également disponible sur PS4 et PC.

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

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