Menu complet et luttes intestines [Super Smash Bros. Ultimate, Switch + guide parental]

Dire qu’il va encore être question de Nintendo ce mois-ci est un euphémisme. Super Smash Bros. Ultimate est un pur concentré de la marque japonaise, pratiquement toutes licences de celle-ci y étant représentées. On frise l’indigestion, mais c’est pour rester dans la thématique des fêtes de fin d’année.

« Avec 74 combattants jouables, plus de 100 stages et plus de 800 musiques, Super Smash Bros. Ultimate pour Nintendo Switch n’est pas juste le plus grand titre cross-over de l’histoire du jeu vidéo, c’est aussi le jeu vendu le plus rapidement sur une console de salon Nintendo en Europe », déclare fièrement le communiqué de presse. Avec des annonces pareilles, il est facile d’imaginer que ce jeu s’est retrouvé sous grand nombre de sapins il y a quelques jours. Sans vouloir jouer les rabat-joie, vous n’avez peut être pas passé des vacances calmes et paisibles ; la frénésie est de mise.

Super Smash Bros. Ultimate Switch combat

L’avis du joueur du dimanche ?

De prime abord, les différences entre SSBU et la version précédente sur Wii U semblent vraiment minimes. À tel point qu’on a aisément l’impression qu’il ne s’agit que d’une mise à jour. Les modifications sont bien plus subtiles et passeront totalement inaperçues auprès de la plupart des joueurs. Seuls les plus expérimentés les décèleront (voir « Et l’avis du pro », ci-dessous).

Avec son côté « collectionnite aiguë » SSBU se déguise maladroitement en party game convivial. Sous ses airs chatoyants et sa ribambelle de personnages, on lui confierait volontiers l’animation de nos soirées, ou de moments d’échanges familiaux. Pourtant c’est une erreur. SSBU n’est pas un bon party game. Il n’est pas accessible facilement et demande une maîtrise qui s’acquiert avec le temps. Le concept reste simple, d’accord, mais arriver à décrypter l’action exige un gros effort de concentration. Il n’est pas rare de perdre de vue son personnage suite à une explosion ou un échange de patates. Idem du côté « aventure solo », sorte de gros tutoriel pour apprendre les bases, mais qui n’offre que peu de variation et devient donc rapidement lassant.

Super Smash Bros. Ultimate Switch carte

Les personnages se débloquent (lentement) en progressant dans le mode solo. Ou en enchaînant un certains nombre d’action dans des combats versus. Il faut attendre une dizaine de minute entre chaque nouveau personnage, mais il est possible d’annuler ce « cooldown » en redémarrant la console.

Prenez un jeu comme Towerfall (oui, encore lui), n’importe quoi peut se saisir d’une manette, même sans grande expérience de jeu et parvenir à distribuer quelques flèches qui feront mouche. Ces quelques kills suffiront à donner envie aux joueurs novices de s’accrocher et persévérer. C’est le secret d’une soirée jeux réussie. Dans SSBU, l’écart entre les joueurs sachant jouer et ceux qui débutent se creuse beaucoup trop rapidement, donnant lieu à une situation où ni l’un ni l’autre ne s’amuse.

Définitivement, SSBU n’est pas un bon party game et Nintendo refusant de s’inscrire officiellement dans la catégorie e-sport, de peur de perdre une étiquette familiale qui lui est chère, l’enferme son poulain dans une écurie qui ne lui correspond pas.

Et l’avis pour les parents?

SSBU, de son petit nom, s’inscrit dans la catégorie des jeux de combats, ce qui implique un niveau de concentration, de dextérité et de maîtrise très élevé. Chaque joueur choisit un personnage, possédant sa propre palette de coups. Puis ils se retrouvent face à face et tentent de porter le plus de frappes possibles, en appuyant très rapidement sur les boutons de la manette, tout en esquivant les ripostes de l’adversaire. Après avoir suffisamment affaibli celui-ci, le but est de l’éjecter hors du terrain, à l’aide d’une attaque puissante.

Le tout se déroule dans une ambiance qui reste « bon enfant », dans des décors colorés, parsemés de références à la grande famille Nintendo. La tension réside plutôt hors de l’écran, puisque chaque défaite peut être l’occasion de frustrations assez fortes. Le nouveau mode aventure peut se jouer seul et participe à faire de SSBU un jeu très complet, mais qui ne se prend pas en main très facilement. Les moins persévérants risquent fort de décrocher lorsque les affrontements deviennent trop confus à l’écran. En revanche, la saga Smash Bros. bénéficie d’une communauté de joueurs très soudée. Les fans sont ainsi reconnus pour leurs échanges nettement moins toxiques que dans d’autres jeux compétitifs.

Soyez préparés à vous sentir largués par la frénésie quasi chaotique régnant sur l’écran, mais profitez-en pour aborder les sujets suivants après une partie particulièrement prenante :

  • La maîtrise de soi fait aussi parti du fair-play
  • La colère et la frustration sont compréhensibles dans ce contexte, mais ne doivent pas être une justification pour perturber la cohabitation familiale (cris, par exemple).
  • Gagner un match demande une connaissance très poussée des mécaniques de jeu (déplacements, coups, esquives, etc.), ce qui peut être valorisé.
  • Devenir joueur compétitif ne veut pas dire seulement enchaîner les parties, mais demande d’étudier ses victoires comme ses défaites pour progresser
Super Smash Bros. Ultimate Switch combat 2

C’est le booooooordel!

Et l’avis du pro ?

Car SSBU est un bon jeu compétitif ! Donnez-vous les moyens de maîtriser ne serait-ce qu’un personnage, d’apprendre à lire le jeu (comprenez savoir comment réagissent les assauts et esquives des adversaires, quel coup contre celui-ci, à quel moment porter telle attaque, etc.) et vous atteindrez un niveau de satisfaction radicalement différent.

Une autre démonstration de la position schizophrénique inconfortable dans laquelle se trouve le jeu : les joueurs compétitifs retirent tous les éléments du jeu se voulant être fun (les objets, la multiplicité des maps, les combats à plusieurs, etc.), ce qui revient à éliminer toute part hasardeuse, pour ne garder que la substantifique moelle : la maîtrise. SSBU devient alors un jeu bien pensé, équilibré et profond.

Pour comprendre les nouveautés subtiles, je me suis adressé à un grand connaisseur. La Suisse compte une scène compétitive dynamique et vivante. Parmi les tournois se déroulant fréquemment en territoire helvétique se trouve la Swiss Nintendo League, dont Dany Mounzer est l’un des organisateurs principaux. C’est dans ce cadre que nous lui avons demandé de nous expliquer les détails de cette nouvelle version.

  • Le jeu est plus rapide. Le temps nécessaire entre deux actions est, en moyenne, sensiblement réduit par rapport au précédent. Le jeu en devient alors plus agressif et les possibilités de combo plus nombreuses.
  • Dans le même ordre d’idée, le bouclier est moins fort. Il faut plus de temps pour agir en le relâchant, et le « perfect shield » a été modifié : il faut lâcher le bouclier au moment de se prendre un coup pour faire un « parry ». En gros, le perfect shield et le parry permettent d’agir plus vite lorsque l’on encaisse un gnon en les exécutant, mais le parry est beaucoup plus risqué et difficile à faire. À nouveau, le jeu demande donc un style plus agressif que défensif.
  • Toujours dans cette continuité, « l’airdodge » (esquive aérienne) a été rendu moins « spammable » (enchaînement frénétique) et plus lente. L’esquive aérienne directionnelle a été ajoutée, ce qui donne de nouvelles options de mouvement. En revanche, il n’est pas possible d’agir pendant plus d’une seconde après en avoir fait une. C’est donc très risqué, mais bien utilisé, c’est une technique très puissante. La roulade aussi est de plus en plus lente lorsqu’elle est employée fréquemment, pour ne pas la spammer.
  • Certaines mécaniques compétitives ont été facilitées. Il est maintenant très aisé et rapide d’enchaîner des « dashs » (le petit mouvement au début d’une course) dans une direction, puis dans l’autre. Auparavant, le personnage devait freiner et se retourne.
  • En appuyant sur le bouton de saut et d’attaque en même temps, on fait automatiquement un saut très petit, avec une attaque aérienne. Il est également possible maintenant de faire n’importe quelle attaque au sol au bout d’un dash (avant il était très compliqué de faire autre chose qu’une dash attack).
  • Beaucoup de nouvelles choses pour améliorer la lisibilité du jeu (radar quand on est hors du terrain, score lorsque quelqu’un perd une vie en 1v1, zoom lors d’une attaque fatale), ou encore des détails qui prennent une certaine importance (règles enregistrables, choix du stage avant les persos, ajout d’un mode avec trois plateformes pour tous les stages, etc.) et plein de nouveaux modes (celui de l’entrainement a été refait et bien plus complet, long mode solo, smash en bande, smashdown, etc.), plus de cent stages, plus de mille musiques, les nouveaux persos sont tous funs et ont un gameplay vraiment unique.
  • Pour terminer, le jeu a l’air beaucoup plus équilibré pour l’instant, et chaque personnage a subi des modifications pour les rendre assez différents des vieux jeux, tout en restant fidèle et familier aux anciennes versions.

Note: Un party game? 5/10 Un jeu compétitif? 9/10

Et jetez un œil à la chaîne de Radiance, l’un des meilleurs joueurs suisses, qui prodigue de sages conseils pour progresser:

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

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