L’arène de neige [Rise of the Tomb Raider, Xbox One]

Je tolère les suites quand il y a une durée minimale entre les sorties et non pas chaque année comme un Assassin’s FIFA of Duty. Alors est-ce que deux ans sont suffisants pour produire une suite à Tomb Raider? Creusons la question.

Rise Of The Tomb Raider Xbox one QTE

Bonne nouvelle: les QTE sont nettement moins présents.

En 2013, Crystal Dynamics lançait un reboot des aventures de la pilleuse de tombe la plus célèbre du monde. Décrié ou adulé, la critique était plutôt partagé à son sujet, tout comme les joueurs, dont les avis divergeaient entre une superbe mise en scène et un côté trop dirigiste, accompagnant un personnage central un peu schizophrène. Pour rappel, nous on avait plutôt bien aimé. Un peu plus de deux après, voilà que Lara débarque à nouveau dans nos salons, avec ses flingues, ses artefacts et sa natte. Dans nos salons verts, devrait-on préciser, puisque le jeu est « momentanément » une exclusivité à la Xbox One. Les possesseurs de Playstation 4 doivent patienter jusqu’en décembre, alors que la version PC vient de débarquer. Ce qui me permet justement de placer mon test.

Halle Sibérie

Rise Of The Tomb Raider Xbox One glace

Mais très bien, on vous suit.

Adieu le climat tropical du précédent épisode et bonjour blizzard, congères et vodka frelatée dans les paysages sibériens. C’est en suivant les traces d’une cité ancienne (et de son propre complexe d’Oedipe inversé) que Lara se retrouve dans ces montagnes hostiles à souhait. Le but étant de prouver au monde entier que son papounet n’était pas un gros mytho mais qu’il avait bel et bien trouvé le secret de l’immortalité (juste avant de se faire dessouder, c’est ballot, non?). Rapidement, l’archéologue se trouve opposée à une mystérieuse secte de fanatiques religieux et tout un tas d’hommes de mains qu’il faudra faire passer de vie à trépas. Pour cela, l’arsenal typique est à disposition, à commencer par l’arc qui marque son grand retour. On est donc parti pour un jeu d’action/aventure, dans lequel s’alternent phases d’exploration et d’affrontements avec les ennemis. Classique mais efficace. Je trouve le parallèle entre l’évolution de la nature et celle du personnage principal plutôt intéressante. Tout comme les décors remplis de glace, Lara est beaucoup plus froide que dans le premier. Lors de la précédente aventure, beaucoup avaient reproché une certaine incohérence entre la fragilité exprimée par Lara (ainsi que le fait qu’elle s’en prenait plein la tronche continuellement) et sa capacité à, soudainement, descendre une vingtaine d’ennemis sans broncher. Ce pan se justifiait, selon moi, par un instinct de survie, quelque chose de très primal que l’on retrouvait aussi dans la violence des cultes païens de l’île. Cette fois ci, l’action est beaucoup plus austère: complexe soviétique post-guerre froide, obéissance stricte et croyances religieuses rigides, à l’instar de Lara qui est maintenant une tueuse de sang froid sans remords. Au-delà d’épuiser tous les synonymes et les expressions du champ lexical [froid], cette comparaison met en évidence une évolution du personnage assez particulière. C’est d’ailleurs dans les moments de « chaud » qu’elle semble se reconnecter avec ses émotions, que ce soit à travers les introspections un peu cliché « papa-sois-fier-de-moi » au coin des feux de camps, ou au moment d’entrer [ATTENTION PETIT SPOILER: dans la vallée géothermique, donc sans neige, où Lara décidera d’aider les habitants locaux, quitte à mettre sa propre quête en retrait]. Cette même vallée chaude et accueillante doit justement être défendue contre le froid manichéen représenté par l’envahisseur. Certes, ce parallèle est intéressant, mais il n’empêche que cette nouvelle facette de Lara m’a nettement moins convaincu que dans le premier épisode. Cette fois-ci, j’ai eu du mal à être empathique pour elle puisqu’elle n’est plus contrainte par un instinct de survie, que les ennemis sont trop humanisés (gardes évoquant entre eux le fait qu’il s’agit de leur premier travail et qu’ils ne comprennent pas trop pourquoi ils sont là, par exemple) et que la possibilité de jouer la carte de l’infiltration sans affronter les hommes de mains, comme il nous l’avait été annoncé, tombe complètement à plat. Bien qu’on soit aussi récompensé si l’on traverse une zone de manière furtive, cet aspect est largement sous-exploité, le gameplay ne s’y prête pas et j’ai toujours fini par ratiboiser la zone à grand coup de fusil à pompe. Puisqu’on en est à parler de la belle, celle-ci est toujours doublée en français par Alice David (la « fille de pas que Bref« ), mais si je la trouvais forte à propos dans le premier, elle en fait ici des caisses et ajoute tellement de grosses respirations à la fin de ces phrases qu’on dirait Matthew Bellamy (vous n’écouterez plus jamais Muse de la même manière maintenant).

Rise Of The Tomb Raider feu de camp xbox one

Les feux de camps sont toujours l’occasion de faire évoluer les compétences et de choix de tenues. Mais honnêtement on voit pas trop la différence.

Il y a ceux qui ont un pistolet et ceux qui creusent.

Rise Of The Tomb Raider chasse aux poules Xbox One

La chasse aux poules, un hommage à Link?

Je regrette aussi que les ennemis soient majoritairement des humains. Lointaine est l’époque où les responsables de la SPA pouvaient faire des ulcères en voyant le nombre d’espèces animales éteintes après le passage de Miss Croft. On touche ici au point le plus faible du jeu: les fusillades sont d’une mollesse digne de l’inspecteur Derrick. Les armes n’ont aucune pèche, les bruitages font plutôt penser à quelqu’un qui ferait « PRR PRR » dans une boîte de conserve et le système de couverture est totalement inexistant. Lara est ainsi morte très très souvent alors que je voulais recharger mon arme et qu’à la place elle a ramassé une boîte de conserve, puisqu’il s’agit de la même touche. Heureusement les ennemis sont plutôt crétins et ont tendance à se ruer sur elle après avoir vaguement lancer une grenade (ah oui, c’est leur premier job, j’oubliais). C’est donc dans le reste que se trouve toute la saveur du jeu. Les séquences d’action sont plutôt cool, même si je regrette l’abus de la formule « le sol s’effondre-je glisse-je me rattrape au dernier moment-en poussant un gros soupir ». La rencontre avec l’ours du début m’a d’ailleurs beaucoup rappelé les sensations lors de l’apparition du mythique T-Rex en 1996. Mais c’est surtout l’exploration qui vaut le détour et ce n’est qu’un euphémisme. Des chemins transversaux on en emprunte un tas si l’on veut trouver tous les trésors. Alors que certaines parties sont assez dirigiste (un poil trop), plusieurs zones sont très ouvertes et leur level design bien pensé offre la liberté de les fouiller de fond en comble. On sait qu’un « X » n’indique jamais l’emplacement, mais par contre un gros rayon lumineux bleu, oui. C’est en marquant des endroits sur la carte, puis en se dirigeant vers ce repère bleu visible à l’aide de l’instinct du chasseur©, que tout pistage de trésor débute. Et j’ai adoré ça. Il y en a juste ce qu’il faut pour que ça ne devienne pas pénible et les décors sont sublimes, ce qui incite clairement à s’arrêter et observer pour dénicher chaque secret. Je pèse mes mots, les environnements sont impressionnants (à part quelques textures de marais qui dégoulinaient un peu). J’aime bien cette impression d’être un explorateur, de revenir en arrière parce que j’avais oublié un document et tomber en chemin sur un souterrain que j’avais manqué.  D’ailleurs, les tombeaux, qui étaient très pauvres dans le précédent épisode, sont maintenant bien plus intéressants et leurs énigmes plus retorses. C’est un excellent point.

vieux tomb raider

A l’époque aussi il fallait repérer les angles auxquels s’accrocher. Sauf qu’aujourd’hui les textures ne sont plus autant carré, donc la vision les mettant en surbrillance pallie bien cette difficulté.

 

Rise Of The Tomb Raider quêtes secondaires

Les autochtones demandent assistance pour les quêtes secondaires qui ne sont pas trop pénibles, sans être révolutionnaires non plus. « Pardon Monsieur, vous n’étiez pas un grand méchant sur une île paradisiaque dans un autre jeu de survie dernièrement? »

Je pensais finir Rise of the Tomb Raider rapidos mais c’est au bout d’une cinquantaine d’heures que le compteur a affiché 100%, oui Monsieur. Pour moi, la suite d’un jeu doit pouvoir se démarquer de son prédécesseur. Le fait que les tombeaux soient améliorés et que le personnage de Lara soit moins convaincant marque ce contraste, puisque que c’était exactement de l’inverse que nous avions qualifié le premier. C’est pas parfait donc, mais ça dénote un certain effort créatif. J’ai retrouvé le plaisir du terrain connu, avec sa mise en scène efficace et un scénario assez prenant (pensez à regarder le générique de fin jusqu’au bout) et surtout apprécié l’aspect chercheur de trésor dans des décors qui claquent! Par contre, maintenant va peut être falloir attendre un peu plus avant de sortir le prochain, parce qu’il faudra plus d’accroche, d’accord?

 

 

Rise Of The Tomb Raider citerne xbox one

Captain Obvious here.

Rise Of The Tomb Raider paysage xbox one

J’avais envie de prendre des screenshots toutes les deux minutes.

Note: 7 cartes postales sur 10

Titre également disponible sur Xbox 360, PC… et dans longtemps sur PS4

Conseils: Don’t starve

  •  Chassez tous les animaux que vous voyez dès le début, pour éviter de leur courir après vers la fin du jeu.
  • Montez en priorité les compétences permettant d’avoir de l’XP plus vite et d’indiquer les objectifs sur la carte, au détriment de celles liées à la baston qui sont nettement moins considérables.
  • 9 CHF pour manger, sivouplé? Un mode survie est disponible dans le DLC Baba Yaga: Le temple de la sorcière et met en exergue les aspects de survie. Il faut chasser pour manger et se réchauffer régulièrement. Dommage, il aurait été préférable d’inclure cette dimension dans le jeu de base.

 

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

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2 Comments

  1. Dans pas longtemps sur PS4… quand même, décembre c’est dans 10 mois… c’est long… (ouiinnnn!!!) Je me consolerai en attendant avec l’ami Drake en avril…

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    • DANS longtemps, disais-je justement 😉 Mais il y a de fortes chances que Drake soit un brin plus épique en plus..,

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