La tacatacatique du gendarme! [Gears Tactics, PC]

Est-ce la pandémie ou le hasard, mais depuis le début de cette période de menace virale, j’ai l’impression que les jeux vidéo que je pratique n’évoquent que ça. En effet, je sors de Still There qui parlait de confinement et A Plague Tale (dont je vous entretiendrais sans doute à l’occasion) dans lequel une épidémie représente le cœur de l’histoire. En enchaînant avec Gears Tactics droit après, on commence à se demander si le milieu ne tentait pas de nous prévenir depuis un moment déjà.

Parce que si je ne connaissais pas du tout l’univers de Gears of War (dans lequel se passe Gears Tactics), j’ai vite compris, entre un résumé de l’histoire sur le Tube et le déroulement du scénario en jouant, que l’on se retrouvait de nouveau face à une méchante contamination. Bref, difficile d’y échapper.

La chance de Gears Tactics (et vraisemblablement de tout l’univers GoW) réside dans l’absence d’intérêt pour un scénario prétexte. Ce qui m’a permis de presque complètement faire abstraction de ce microbe de malheur.

Moins d’introduction et plus d’introspection (ou l’inverse)

Mais cessons un instant de parler de moi et concentrons-nous sur la bête. Dans les Gears vous incarnez une montagne de muscles qui déguille du mutant à la sulfateuse. Et pour faire joli, elle les finit à la tronçonneuse judicieusement accrochée à la proue dudit flingue. Oui, on flirte avec la finesse la plus pure. Dans les épisodes précédents, ça se jouait à la troisième personne en temps réel « pan-pan-boum-boum style », avec néanmoins un système de couverture plutôt intéressant (il parait comme déjà dit, je n’ai mis mes paluches sur aucun de ceux-ci).

Fatality on going...

Fatality on going…

Là, avec la version « Gears Tactics », on joue carrément à du XCOM. Je ne vais pas vous faire l’affront de vous expliquer en détail ce que constitue la série XCOM ; si vraiment vous ne le savez pas, voici un lien pour combler cette faiblesse. C’est pas grave hein, personne n’est parfait, et vous aurez l’air moins gland au prochain souper Sempersheep.

En deux mots quand même, pour ceux que ça embête de lâcher ma prose le temps de suivre le lien, il s’agit de missions tactiques tour par tour (souvent en un temps limité) avec objectifs précis. Entrecoupés par des phases de gestion de sa propre base d’opérations (équipement, recherche, soldatesque, etc.). Voilà, ça suffira pour comprendre en gros le reste de ce test.

Je vais donc plutôt vous expliquer en quoi il en diffère. En moins bien, parce que XCOM quand même. Et en mieux, parce qu’il est toujours possible pour l’élève de dépasser le maître.

Gears XCOM edition

Commençons par ce qui manque chez le nouveau venu. Les phases de gestion entre les missions sont réduites à quelque chose de vraiment maigre. Bon, il y a quand même des choses à faire. Par exemple, il est possible de recruter des soldats. On peut également dépenser les points d’XP glanés par nos survivants dans des perks suivant des arbres de compétences spécifiques à chaque classe (on y reviendra). Une phase d’upgrade de leurs armes (partie par partie) en fonction de ce qu’on a pu looter en mission (via de tristes caisses « rares » ou « légendaires ») est aussi présente. C’est tout, pas de développement de base, de recherche technologique, d’entraînement ou de gestion des ressources. Peut-être que ça réjouira les esprits chagrins qui n’aiment pas ce travail de logisticien. Mais ça rend l’intervalle entre chaque mission un peu tristoune.

Enfin, au moins on ne perd pas trop de temps à tergiverser. Tiens… et si proposer un vrai bon rythme, c’était ça en fait le point positif de ce Gears Tactics ?

De Dieu c't'équipe!

De Dieu c’t’équipe!

En effet, s’il ne se cache pas d’être lourdement inspiré de XCOM, Gears Tactics a choisi très clairement d’être plus souple et dynamique que son illustre ancêtre. Premièrement, chaque personnage dispose de trois points d’action par tour, contre deux « normalement ». Ceci lui ouvre d’autres possibilités en termes d’engagement tactique de type blitzkrieg. Mais pas seulement : ça permet au jeu de nous balancer des ennemis soit plus nombreux ou soit plus retors. Surtout, c’est diablement agréable en début de mission où l’on ne passe plus quatre tours pour arriver au contact de l’ennemi.

C’est dynamique tu dis ? M’étonnes pas avec ces licences consoles pan pan boum boum

Autre amélioration de confort vraiment agréable, dès que tous les ennemis engagés dans l’escarmouche « du moment » sont éliminés, tous les membres de l’escouade rechargent automatiquement. Greffons là-dessus les kill moves à la tronçonneuse ou à la baïonnette qui permettent certains mouvements de troupes alternatifs. Et ajoute de ce fait une nouvelle corde à l’arc tactique du petit chef de section qui sommeille dans chacun de nous (ou pas).

C'est la guerre mon général!

C’est la guerre mon général!

Au niveau du dynamisme, les apparitions de failles dans le sol qui dégorgent des adversaires dans le dos offrent des « surprises » intéressantes, pour un plan qui devait se dérouler sans accrocs. L’obligation de les sceller à la grenade pour faire cesser l’hémorragie ajoute souvent des activités non prévues dans le programme de mission.

La possibilité d’utiliser le petit flingue secondaire, très précis mais peu létal, offre enfin une vraie alternative tactique dans le choix des armes.

Je me dois aussi de parler de la perspective de commencer à donner des ordres à un de nos persos alors qu’un autre est encore en train de se déplacer. Ajoutez à cela le fait que les adversaires se meuvent par groupe (donc plus rapidement), on comprend alors vite que tout est plus fluide. L’absence de grille au sol est un autre point qui rend la sensation de jeu plus organique.

Organique tendance bio? (spoiler: non)

Organique ? Oui, c’est peut-être un peu fort finalement. Car ça reste en effet un XCom-like dont le côté tactique offre de temps à autre des situations incohérentes. Par exemple, la prise en compte de la probabilité de toucher qui amène parfois, sans logique aucune, à rater des tirs à bout portant.

Et là, j’ai envie de vous dire: « c’est le jeu ma pauvre Lucette ». On se retrouve, effectivement, avec les défauts de ses qualités pour ce genre de titre. Capable d’offrir de chouettes combats tactiques, mais qui au bout d’un moment se ressemblent tous. On a bien des missions avec des boss plutôt sympas d’ailleurs. Mais c’est un peu comme le Casual Friday au taf. T’as beau être fringué différemment, tu fais quand même plus ou moins toujours la même chose de ta journée. Enfin, ceux qui aiment XCOM apprécieront certainement cette version dynamique et allégée.

"Ce que vous appelez l’enfer, il appelle ça chez lui."

« Ce que vous appelez l’enfer, il appelle ça chez lui. »

La tronçonneuse de mes rêves

Quelques points négatifs encore pêle-mêle. Le scénario est fadasse avec une mise en scène digne des Expendables (y en a qui aime, ceci écrit). Autre truc un peu dérangeant : le jeu proposant d’incarner les persos principaux dans ces « fantastiques » cinématiques, il est impossible de faire mourir une bonne partie de nos soldats en mission. Si ça arrive, il faut recommencer ladite mission. Corolaire, on perd un peu du sel de XCOM avec l’attachement à ces Hommes en arme qu’on améliorait pendant de nombreuses expéditions, avant de les voir périr à tout jamais sur une sortie qui se passait mal.

Dernier point, et pas des moindres, le jeu est vendu super cher pour un tactical game sur PC (74CHF sur Steam au moment où j’écris ces lignes). Hé les mecs, si vous essayez de conquérir le monde brillant des gens de bon goût de la tactique sur PC avec votre licence AAA (parce que c’est bien de cela qu’il s’agit hein), il va falloir mettre la pédale douce à l’avenir. Car ça lui coute d’ailleurs un point dans la note finale.

Enfin, j’ai quand même eu du plaisir à le pratiquer. Je le recommande tant aux habitués du genre qu’à ceux qui souhaiteraient rejoindre la sémillante communauté des tacticiens en culotte courte.

Note: 7(4 putain de balles, les rats)/ 10

C’est la rentrée des classes

Rien de bien original pour le genre, mais chaque soldat est formé dans une certaine classe (sniper, scout, vanguard, heavy ou support). Chaque rôle utilise ses propres armes et peut se spécialiser dans un arbre de compétence à quatre branches principales. De quoi transformer son heavy en tourelle vivante ou son vanguard en fantôme invisible équipé d’un shotgun du plus bel effet (de surprise).

Parangon de vertu à la tronçonneuse accélérée

Parangon de vertu à la tronçonneuse accélérée.

 

Author: Zyvon

Élevé à la dure par des parents aux penchants amish, hermétiques à la technologie, l’accès aux jeux vidéo n’a pas été facile pour Zyvon. C’est en utilisant l’argent de sa bar-mitzvah, reçu lors de sa première communion, qu’il s’acheta lui-même un ticket pour les mondes diaboliques de la perversion sous la forme d’une Megadrive. #TeamSonic. Malheureusement, il vécu la crucifixion du hérisson bleu comme une trahison et renonça à jamais aux consoles, pour rejoindre les rangs bénis et accueillant de la glorieuse “PC Master Race”, en jurant qu’on ne l’y reprendrait plus. Son éducation sévère mais néanmoins rustique, lui a donné le gout des choses bien faites et faites jusqu’au bout. Zyvon est dur mais juste mais dur.

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