Schtroumpfer un jeu pour soi-même quand on n’y connaît rien n’est pas chose facile. Alors quand il s’agit d’en schtroumpfer un à la place des enfants, qui seront de toute façon déçus parce qu’ils schtroumpfaient Fortnite, ça peut schtroumpfer à une tâche des plus décourageantes. On schtroumpfe alors un indice, un phare dans la nuit, un signe qui nous schtroumpferait le chemin à suivre. Et là, soudainement, de la salsepareille.
La technique n’est pas nouvelle. Sur le papier, il est moins risqué d’adapter une figure connue d’un autre média en jeux vidéo, que d’inventer de nouveaux personnages, univers et folklores. Heureusement, la recette s’est un peu essoufflée et l’industrie du jeu vidéo dispose maintenant d’autres ressources (notamment en s’appuyant sur un truc étrange qu’on appelle « gameplay »). Le marché du jeu mobile, lui étant encore largement en friche, n’hésite pas à coller un nom ou une figure connue sur n’importe quel jeu pour attirer l’attention du chaland. Face à la pléthore démesurée de jeux proposée sur les plateformes de téléchargement, on ira volontiers plus facilement vers un visuel rassurant comme celui des Schtroumpfs. Ce qui n’est que rarement gage de qualité. Pourtant, avec Les Schtroumpfs 2: Le Prisonnier de la Pierre Verte, on se trouve dans un cas de figure un peu différent.
La soupe aux Schtroumpfs
Déjà quand j’étais gamin, les parents préféraient se tourner vers des titres comme Tintin, Astérix, Lucky Luke, etc. lorsqu’ils devaient choisir un jeu. Évidemment, on les comprend. Ils connaissaient ces noms issus de la BD et cela leur permettait de se rassurer. « Au moins là on c’est ce qu’on achète, c’est pas comme ces trucs du japon là/ces trucs ultras violents » [biffez la mention inutile, selon que vos parents aient eu peur du péril jaune illustré par Nintendo ou de Mortal Kombat]. Donc forcément, toute notre génération s’est vue traumatisée par des jeux tout pétés, ayant trop souvent sacrifié ses mécaniques au profit d’un visuel.
C’est fou quand on y pense: on se retrouvait à jouer à de mauvais (parfois même très mauvais) jeux, pendant que nos parents pensaient avoir fait du bon boulot. Heureusement, on trouvait toujours un moyen de découvrir de nouveau titres par la bande et ça, c’est toute la beauté de la distanciation intergénérationnelle.
Cracoucass !
Mais je m’égare. Revenons à l’époque de Joe Biden président. Même si le jeu vidéo s’est installé un peu partout, des situations d’hésitations demeurent. Des grands-parents qui veulent faire plaisir à leurs petits-enfants pour Noël, ou Tonton Fernando qui achète un jeu à la va-vite parce que la famille passe ce soir, par exemple. Il faut du jeu vidéo pour tout le monde, chacun doit pouvoir y trouver son compte, y compris les enfants.
En proposant Les Schtroumpfs 2: Le Prisonnier de la Pierre Verte, l’éditeur français Microids et le studio Osome de l’écurie maison cochent les cases de « la moyenne, mais peut mieux faire ». J’ai été soulagé en parcourant le jeu de voir qu’on ne se moquait ici pas trop de nos têtes blondes. L’excuse « bah c’est pas grave si c’est pas top, c’est pour les gosses » n’a heureusement pas trop lieu d’être.
Le dénigrant bleu
Les Schtroumpfs 2 est un jeu d’aventure-action classique, avec son alternance entre plateformes, exploration et séquences de tir. Pas d’inquiétude, il n’est pas question d’armes à feu, mais de canons « fantasques et loufoques » issus du cerveau bleu du schtroumpf bricoleur. Ce dernier fait partie d’une brigade de lutins bleus qui vont faire équipe avec Gargamel pour empêcher qu’un mystérieux personnage échappé d’une pierre ne sème le chaos dans la forêt.
L’alternance entre les armes et les compétences des différents schtroumpfs (avec points d’expérience à dépenser pour choisir des améliorations) représente une bonne « introduction » pour les plus jeunes joueurs. C’est classique, mais efficace, on dira. Par contre, le mode deux joueurs annoncé m’a fait grincer des dents. Bien que mis en évidence dans la communication du jeu, les bandes-annonces et même sur boîte/page du jeu, on déchante vite lorsque l’on découvre que le deuxième joueur se contente de déplacer le viseur. Pas très schtroumpf ça.
Schtroumpf vert et vert schtroumpf
J’ai eu l’occasion d’en parler assez longuement dans un live Twitch, mais je suis plutôt satisfait de ce Schtroumpfs 2. Il est plaisant à parcourir et propose une aventure suffisamment bien construite pour ne pas avoir l’impression qu’on se moque des enfants. Néanmoins, c’est bien à eux que le jeu se destine, sans aucun doute. La difficulté est bien trop faible pour proposer le moindre défi pour des adultes. Mon coéquipier de live avait le même ressenti. Il a eu cette phrase que je trouve très pertinente en disant que le jeu est suffisamment bien fait pour qu’on puisse le recommander pour les enfants, mais qu’avant de le conseiller,de nombreux titres nous viendraient en priorité. Il faudrait alors avoir déjà écumé un large catalogue. Le prix plutôt réduit (entre 30 et 40 CHF selon les plateformes) peut toutefois peser en faveur du Schtroumpfs 2 dans la balance.
Note: 6 sur 10
Testé sur Switch. Également disponible sur PlayStation 5, PlayStation 4, Xbox Series X|S, Xbox One et PC.