Mon tueur chez les nudistes [Killer is dead, Xbox 360]

Est-ce que vous vous souvenez de cette fameuse phrase: « Oh mais j’adooore l’abstrait »? Parce qu’à elle seule, elle pourrait résumer le test qui va suivre. Mais lisez quand même, il y est question de filles à demi-nues.

 

Dans quelques lignes je vais également m’autocritiquer! Si ça c’est pas du teaser. Mais avant cela, j’imagine que ça vous est déjà arrivé d’être confronté à une forme d’art devant laquelle tout le monde s’extasie mais à laquelle vous restez complètement hermétique. Vous avez déjà comparé certains tableaux de Picaso avec les dessins de votre petit neveu, vous vous êtes endormis à l’opéra ou vous avez l’impression que David Lynch se fout clairement de vous avec Mulholland Drive? Soyez les bienvenus dans ce test. Bien entendu, nous n’avons pas tous la même sensibilité à l’art, ou même sans aller aussi loin, à n’importe quel stimulation. Je ne vais pas entrer dans le débat « le jeu vidéo est-il une forme d’art ou non? », mais cette comparaison va me permettre d’établir la préoccupation qui était mienne durant toute ma phase de jeu. Je me suis en effet torturé l’esprit pour savoir si je devais l’aborder selon l’angle « mais what the…? Je comprends rien, c’est nul », au risque de passer pour un ignare, celui qui ne sait pas apprécier le produit à sa juste valeur. Ou au contraire, si je devais dire « Oh mais j’adooore l’abstrait » et ainsi rejoindre l’élite, ceux qui peuvent fumer un cigare en buvant un brandy, tout en disant que eux, ils ont compris.

Le genre d'ennemis que vous allez affronter de manière dynamique mais répétitive.

Le genre d’ennemis que vous allez affronter de manière dynamique mais répétitive.

Killer is Dead est un beat’em all issu de l’esprit dérangé de Suda 51, président du sudio Grasshopper Manufacture.  Pour la faire courte, les jeux un peu chtarbés c’est leur marque de fabrique. Leurs titres dépeignent très souvent une envie de se démarquer du reste du marché, ce qui ne les rend pas toujours très accessibles. D’habitude j’aime bien ce qui est chtarbé. J’ai adoré ne rien comprendre dans Mullholand Drive. Je partais donc très confiant sur ce Killer is Dead. Nous y incarnons Mundo, tueur à gage œuvrant pour une organisation gouvernementale. Chaque niveau correspond à une cible à abattre dans une mise en scène que Tarantino ne rejetterait surement pas. La jouabilité est plutôt correcte mais les ennemis se ressemblent trop les uns les autres et un seul bouton suffit à enchainer les coups. Il y a bien une volonté – que je salue! – de proposer l’utilisation de l’un des sticks de la manette pour orienter les frappes, mais elle ne sert au finale à rien du tout. Aïe ça démarre mal…

Mundo est donc sacrément membé au niveau du bras gauche qu'il peut utiliser comme arme de différents types.

Mundo est donc sacrément bien membré au niveau du bras gauche qu’il peut utiliser comme arme de différents types.

Visuellement c’est plutôt intéressant et je suis d’accord pour dire qu’il y a prise de risque. Nous sommes clairement en présence de quelque chose qui sort de ce que nous avons l’habitude de voir. Tout comme la diversité des niveaux. Mais malheureusement, cette prise de risque n’aboutit pas vraiment. Une durée de vie très courte me pousse encore à me demander ce que j’ai raté dans ce jeu? Il est peut être temps de parler des filles alors? Entre chacune des missions, Mundo peut s’accorder du bon temps en courtisant de jeunes et jolies damoiselles. Nous touchons alors le summum du « WTF?! ». Il Va falloir mater ces filles sans qu’elles ne s’en aperçoivent et ensuite les couvrir de cadeaux pour les entrainer au lit. Au delà de la vision sexiste et dégradante de ces scènes, pour les femmes comme pour le joueur qui est sensé s’identifier au héros, ces niveaux sont un aberration de construction du jeu! En effet, l’argent gagné pendant les autres niveaux ne servira pratiquement qu’à acheter les cadeaux destinés aux belles. Je vais donc maintenant m’autocorriger pour avoir utilisé le même artifice que Grasshopper, en vous parlant de filles nues dans l’introduction, pour vous faire rester. Aieuuh!

Voilà un aperçu de ce que vous verrez avec les lunettes magiques qui font voir à travers les vêtements...

Voilà un aperçu de ce que vous verrez avec les lunettes magiques qui font voir à travers les vêtements…

Voilà un boss qui aurait pu être intéressant. On se contentera de marteler le bouton de frappe entre deux esquives.

Voilà un boss qui aurait pu être intéressant. On se contentera de marteler le bouton de frappe entre deux esquives.

Pour sûr que j’aime bien quand on s’empare d’un type de narration habituel, qu’on le retourne, qu’on le casse et qu’on n’en sorte pas dans le même état qu’à l’entrée. La bande dessinée Walking Dead sème le trouble dans la définition du héros et de qui est le « mort-vivant ». Ou Games of Thrones propose un narrateur différent à chaque chapitre, par exemple. Mais ce n’est pas un exercice facile. Dans l’histoire de Mundo on finit par ne plus s’y retrouver. Les personnages semblent beaucoup mieux comprendre que le joueur ce qui leur arrive et c’est déstabilisant. Ceci surtout avec des niveaux se passant dans des rêves. Le premier Max Payne avait, par exemple, la force de proposer au joueur d’escorter le héros à travers un monde cauchemardesque dont il connaissait le pourquoi du comment. Killer is Dead nous perd en route et on fini par s’y ennuyer. Voilà! C’est ça en fait! J’ai eu une révélation vers le milieu du jeu: on s’en fout de savoir si je peux ou non comprendre cette forme de narration. L’important c’est que je m’y ennuie, un comble pour un jeu. Je fais donc probablement parti des incultes, mais je demande « as-tu déjà regardé le plafond Igmar? ».

Constamment bien entouré.

Constamment bien entouré.

Note: 4 j’ai demandé à la lune sur 10

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

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