« FLEXION, EXPANSION! Et on recommence! » [Stellaris – PC]

Il y a des activités qui, quoi qu’on fasse, prennent un temps fou: finir un puzzle d’un million de pièces, faire Lausanne-Zurich en train si on s’appelle Founet ou encore attendre l’été à la Chaux-de-Fonds. Tester un jeu de stratégie développé par Paradox est de celles-ci. Et quand c’est fait par votre serviteur et son sens légendaire de la méticulosité, on tient là un joli combo de travail chronophage. Enfin ça, c’est Founet qui le dit, moi j’avais écrit un trollage sur Semper Ludo, mais c’est pas moi le chef. Alors peux-t-importe le jeune, le test de Stellaris est enfin là! Loué soit le Grand Esprit galactique !

Tout d’abord, afin de commencer ce test dans de bonnes conditions, je dois vous entretenir d’un certain nombre de points. Premièrement, je suis un fanboy des productions de Paradox. Cela biaise forcément mon jugement aussi bien positivement (avec un enthousiasme débordant), que lorsque que les choses se passent moins bien (attentes très élevées, parfois douchées). Ensuite, Stellaris est un 4X (eXplore, eXpend, eXploit et eXterminate) et de tout temps, j’ai beaucoup apprécié le genre sur la terre ferme (la série des Civilizations ou Endless Legend). A l’inverse, la plupart des jeux de ce style se déroulant dans l’espace ont tendance à rapidement m’ennuyer. J’attends donc de ce titre d’être le messie, le chaînon manquant qui me fera enfin perdre un temps inconsidéré à conquérir la galaxie. Et la déception pourrait être à la hauteur de l’attente.

Hardi petit, commençons donc! Le début de partie est de très bonne facture. Le choix de l’espèce (et ses éventuelles personnalisations) transpire l’amour du travail bien fait et on peut très facilement passer des heures à « finetunner » son peuple. Ceci fait, on entre enfin dans le vif du sujet.

Le système solaire là où tout commence... si vous êtes un homo sapiens sapiens.

Le système solaire là où tout commence… si vous êtes un homo sapiens sapiens.

Une planète, un vaisseau d’exploration, un autre pour faire de la recherche scientifique et trois misérables corvettes de l’espace constituent la première flotte intergalactique de votre empire en devenir. Et chose appréciable, il faut des « vraies gens » pour commander tout cela. En effet, votre laboratoire volant requiert un scientifique pour fonctionner. Tout comme les trois grandes écoles de recherches (Physique, Sociétal et Ingénierie) qui ont également besoin de chefs de file. Un général est aussi conseillé pour guider vos unités combattantes. Il est de plus possible d’enrôler un gouverneur pour votre planète, afin d’optimiser son développement.

Vous ne trouvez pas ça très excitant? Alors laissez-moi vous prouver le contraire en vous informant que chacun de ces personnages possède une durée de vie, des capacités spéciales (coût de construction réduit, facilité à apprendre, etc.) et autres coûts de recrutement. Et qu’il peut évoluer en fonction de ce qu’il est amené à vivre. Prenons l’exemple d’un général: il participe à un combat et son unité se fait éparpiller façon puzzle. Conséquence, il y a de bonnes chances qu’il devienne peureux ou dépressif. Et ce n’est pas forcément les traits qu’on cherche à avoir chez un grand chef de guerre. Mais rien n’est perdu! Envoyez-le en campagne contre un ennemi facile à abattre et il est fort possible qu’il en revienne gonflé à bloc, effaçant du coup les malus concernés. C’est pareil pour les autres corps de métier.

Pour couronner le tout, si tant est que votre forme de gouvernement soit élective, une majorité de vos leaders se présentera à l’élection de chef suprême dès que l’occasion se présentera. Ce qui ne vous rendra pas toujours très heureux, spécialement quand votre meilleur scientifique avec des statistiques de gestion de merde se fait élire grand chef #TrueStoryBro.

Follow the leader! Enfin... engage le surtout.

Follow the leader! Enfin… engage le surtout.

Bon, il est possible d’influencer le cours des élections de plusieurs manières: en apportant votre soutien officiel à un candidat (on va dire que « vous » êtes l’administration, tiens) en utilisant des points d’influence (voilà autre chose… Dieu que c’est compliqué… disons pour simplifier que c’est des points qui augmentent simplement avec le temps) ou en réalisant les promesses électorales du candidat déjà en poste (par exemple, construire quatre mines spatiales). Vous voyez, c’est plutôt velu.

Exploration! Yeah! Yeah!

Exploration! Yeah! Yeah!

La science est gérée de manière assez originale et est plutôt une réussite. Pour chaque branche de recherche, il est possible de choisir entre trois à cinq sujets (en fonction de divers bonus) tirés au sort parmi un pool de recherches disponibles. Ça simplifie assez intelligemment une tâche (décider ce qu’il faut prioriser comme étude) qui peut parfois être pénible. Les puristes me diront qu’il est ainsi impossible d’optimiser au poil de cul avec une méthode pareille. Je leur rétorque que oui, mais que ça permet au contraire de simuler la vraie recherche scientifique, avec ses aléas et son hasard.

Ah la science! "Cherche Lycos! Cherche!

Ah la science! « Cherche Lycos! Cherche! »

Une bonne partie des trouvailles de vos scientifiques permet ensuite d’améliorer votre flotte. Et là aussi, c’est plutôt bien fait. Pour chaque classe de vaisseau (non-combattants inclus), il est possible de choisir boucliers, armements, moyens de propulsion, radars et autres générateurs à énergie. Ainsi, on peut optimiser ses bataillions en fonction de l’ennemi, de ses armes et de ses moyens de défense. Pour moi, c’est complet et bien foutu une fois encore.

Atelier de création de vaisseaux

Atelier de création de vaisseaux.

L’exploration spatiale, la colonisation et la conquête sont aussi super classes! Les quatre premières heures… En effet, chaque nouveau système solaire est différent et procure de nouvelles émotions. On est emporté par un sentiment paternel quand on découvre une nouvelle espèce extraterrestre peu développée que l’on peut aider à atteindre l’âge spatial. On est excité lors de premiers contacts avec nos alter-egos venant d’autres planètes, à bord de flottes superbement exotiques. On est craintif lorsque qu’on rencontre un empire déchu, sorte de monstre décadent qui ne s’étend plus mais qui peut vous rosser la tronche pendant sa pause clope, simplement parce que vous avez colonisé, sans le savoir, une planète qu’il considère comme sacrée.

Piou! piou! piou!

Piou! piou! piou!

On colonise donc des planètes en fonction de notre espèce, car on ne peut pas s’installer n’importe où. Genre des humains sur un astre volcanique plein de gaz toxique, « ça marche pas tant ». On les développe avec amour. On optimise. On se fait des amis parmi les autres peuples de la galaxie. Et des ennemis. Que l’on affronte. Et à ce propos, les combats sont corrects sans être géniaux, mais c’est habituel pour le genre et pour Paradox.

Là où le bât blesse, c’est que les possibilités diplomatiques sont faibles et ne soutiennent vraiment pas la comparaison avec les autres jeux de Grande Stratégie des développeurs. Corolaire, assez vite la galaxie se fige entre les puissantes alliances inamovibles. Le joueur humain commence alors à optimiser sa flotte pendant des dizaines d’années, puis il conquière son voisin dans la douleur. Finalement il passe, de nouveau, un temps extrêmement long à stabiliser les planètes conquises. Et il recommence. Jusqu’à ce que la galaxie lui appartienne, car c’est à peu prêt le seul truc à faire pour le moment. Et ça, ce n’est pas super glop hein.

Début de l'end game... sans fin...

Début de l’end game… sans fin…

La fin de partie est donc interminable. Les différents « événements » qui rendent les débuts de partie extraordinaires (découverte de traces d’empire, de technologies aliens ou rencontre avec des amibes de l’espace) n’ont presque plus d’impact. Et de fait, ne permettent pas de maintenir le joueur concerné. A l’exception d’un événement qui, ATTENTION DIVULGÂCHAGE, peut faire apparaitre une race destructrice (style Independance Day). Et si elle débarque près de vous trop tôt, elle ne vous laissera aucune chance. Game over.

Oui, vous le sentez, je suis un peu déçu. Je suis même sur ma faim parce qu’il y a vraiment le terreau pour faire un truc énorme de ce jeu. À commencer par les deux premiers DLC gratuits qui sont sortis assez rapidement et qui ont déjà rééquilibré le jeu sur de nombreux points. Ils ont aussi retravaillé certains mécanismes et on sent qu’il y a une envie d’aller dans le bon sens.

Vos nouveaux voisins peuvent être du genre envahissant.

Vos nouveaux voisins peuvent être du genre envahissant.

Connaissant les antécédents de Paradox (il leur a fallu quatre Europa Universalis, et deux Crusader Kings pour sortir des jeux brillantissimes), il y a des chances vraiment raisonnables que l’on se dirige vers quelque chose d’indubitablement bien d’ici quelques années. Surtout que le jeu, malgré ses défauts, est déjà bien profond. En effet, et heureusement vu la longueur de ce texte, je ne vous ai pas parlé de la gestion de faction dans la société, de celle de l’éthique social, de la xénophobie, de l’esclavage, de la cohabitation inter-espèces, de l’immigration, de la création de sous-empires gérés par des gouverneurs, des différents régimes politiques, du minage de ressource, des nombreuses quêtes assez bien foutues ou de l’élevage d’animaux domestiques (ou de zoo) extraterrestres.

Bref, en l’état, c’est clairement l’un des tout bon 4X actuel. Alors dommage pour lui, j’attendais le jeu ultime. Mais en bon fanboy, je ne vais pas le lâcher et continuer à suivre l’évolution de cette nouvelle série. Je n’hésiterais pas non plus à lui casser les genoux (et à vous tenir au courant) s’il le faut…

7 amibes de l’espace / 10

Également disponible sur OS-X et Linux.

Author: Zyvon

Élevé à la dure par des parents aux penchants amish, hermétiques à la technologie, l’accès aux jeux vidéo n’a pas été facile pour Zyvon. C’est en utilisant l’argent de sa bar-mitzvah, reçu lors de sa première communion, qu’il s’acheta lui-même un ticket pour les mondes diaboliques de la perversion sous la forme d’une Megadrive. #TeamSonic. Malheureusement, il vécu la crucifixion du hérisson bleu comme une trahison et renonça à jamais aux consoles, pour rejoindre les rangs bénis et accueillant de la glorieuse “PC Master Race”, en jurant qu’on ne l’y reprendrait plus. Son éducation sévère mais néanmoins rustique, lui a donné le gout des choses bien faites et faites jusqu’au bout. Zyvon est dur mais juste mais dur.

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