Recherche appartement ou manoir déséspérement [The Evil Within, PC]

Lorsque j’ai demandé à mes vaillants collègues qui souhaitait braver ses peurs en testant The Evil Within, Mush a bredouillé une excuse de crêpe garée à la crèche qu’il fallait aller récupérer au pressing et je me suis rendu compte qu’on avait perdu tout contact radio avec Zyvon depuis qu’il a installé Wasteland 2. Bon ben c’est moi qui m’y colle alors… J’ai pas peur, j’ai ma torche.

Evil Within PC Ruvik

« Dites-voir vous, je vous ai pas déjà vu à la prise de la Bastille dernièrement? »

En même temps ça tombe bien, parce que j’aime bien me faire peur dans les jeux vidéo. Je déteste les films d’horreur et spécialement les gores. Alors pourquoi est-ce que les survival horror me plaisent? Voilà un épais mystère, un autre parmi tout ceux du jeu qu’il va falloir élucider. Pour placer le cadre, il s’agit du nouveau projet de Shinji Mikami, « papa » de la saga Resident Evil et particulièrement du 4ème épisode, qui reste l’un des meilleurs. Après les directions plus qu’hétéroclites prisent par la franchise, Mikami avait annoncé qu’il avait envie de revenir à la base du genre et qu’il allait nous montrer ce qu’est vraiment la peur. Tout un programme. Nous incarnons donc l’inspecteur Sebastian Castellanos (¡si, caliente!), appelé en urgence pour une affaire de massacre dans un hôpital psychiatrique. Une fois sur place, notre Don Quichote en imperméable et ses coéquipiers constatent que plus personne ne se plaint de la qualité de la nourriture de l’hôpital mais qu’un mystérieux personnage fait le ménage parmi ses résidents. Une vision sur  l’écran d’une caméra de sécurité, l’individu disparaît pour réapparaître juste derrière Sebastian et c’est le trou noir. Fais de beaux rêves Seb. A son réveil, il devra échapper à un boucher sanguinaire armé d’une tronçonneuse, puis tenter de faire le tri entre ses visions et la réalité pour comprendre ce qui se passe, comment il s’est retrouvé là et qui est responsable de ce cette cauchemardesque situation.

Evil within PC stéphane plaza

En arrivant sur place, Stéphane Plazza réalise la taille du domaine que les propriétaires cherchent à vendre.

The Evil Within a tellement été annoncé comme un « retour aux sources », au vrai jeu de survie horrifique que j’avais un peu peur de me retrouver avec un Resident Evil 4.5. Même si j’ai adoré RE4, mon soucis était qu’on se dirige trop vers du service pour les fans. Et des clins d’œil / hommages / repompées / inspirations (gardez l’expression qui vous plait), on va en retrouver à la pelle: le comportement des zombies, le même bruit quand on fracasse des caisses en bois, le symbole de l’hôpital qui est une variation de celui d’Umbrella, la première rencontre avec un zombie qui est mise en scène exactement comme dans le premier Resident Evil, des mécanismes de jeu tels que viser la tête (qui explosera avec le même bruit que dans RE4), cramer les ennemis pour ne pas qu’ils se relèvent, le gros balèze avec la tronçonneuse, etc. La liste est assez longue mais détrompez-vous, on a vite fait de ne plus s’y attarder. La force de The Evil Within est d’arriver à placer une ambiance moins grotesque et plus mystique que celle de RE4. On se retrouve alors plus avec un jeu qui vous fera sursauter, mais plutôt qui vous maintiendra dans un état de pression constant. Avec un savant mélange de phases stressantes, oppressantes, puis glauques où l’on n’est jamais complètement persuadé d’être en sécurité, l’équipe de Monsieur Mikami réalise un grand moment de jeu vidéo.

Evil Within PC Infirmière

« Et vous là, vous n’étiez pas sorcière avec des flingues dans les talons avant? »

Evil Within appartement avec vue

« Mais vous avez une superbe vue depuis le balcon! », s’exclama Stéphane.

J’ai traversé le jeu en 20 heures et suis mort 132 fois, ce qui est une durée de vie tout à fait respectable. Le scénario du jeu vous prend et vous retourne dans tous les sens, vous perd, vous retrouve pour mieux vous reperdre mais l’envie de connaître les réponses est trop forte! Les décors traversés sont très travaillés et surtout diversifiés, comme l’asile, une ville, un village (coucou RE4, ok j’arrête), égouts, etc. C’est beau, ma gueule et ça nous change du sempiternel « manoir hanté ». L’IA de nos équipiers n’est pas à la ramasse, ce qui s’avère très utile face aux vagues ennemies et les doublages sont plutôt correct. Sur PC nous avons d’ailleurs le choix entre plusieurs langues, dont le français, l’anglais ou le japonais, ce qui ne semblerait pas être le cas sur la version console. Je ne sais pas si ça vient du doublage, ou de son nom à consommation hispanique, mais Sebastian a quand même l’air d’avoir des corones en béton armé de titane, parce qu’il garde les nerfs d’acier en toute situation. Et nous commençons à entrevoir un petit défaut…

Evil Within PC travaux démolition

Stéphane a fait appel aux voisins pour les travaux de démolitions.

Si vous êtes un lecteur taquin, vous vous êtes déjà rué vers la note de fin de test et vous vous demandez s’il n’y a pas légère contradiction (oui, je sais tout de vous). Mikami s’est dit très inspiré par le cinéma et ça se voit. L’ambiance et la mise en scène se rapprochent beaucoup de celles d’un film. Cette sensation est renforcée par la présence de deux barres noires en haut et en bas de l’écran. Cet artifice visuel peut valoir son effet sur une gigantesque écran de télévision dans votre salon, mais sur celui, généralement plus modeste de votre PC, l’action s’en retrouve écrasée. Un patch a d’ailleurs rapidement ajouté la possibilité de les faire disparaître, heureusement, sans pour autant enlever quoi que ce soit à l’immersion du jeu. Nous touchons donc là le cœur du problème. D’un côté, on nous pousse à nous sentir comme au cinéma, avec les bandes 16:9, un générique pré-jeu et une mise en scène poussée, par exemple un peu comme si la catégorie jeu vidéo ne suffisait pas. Et de l’autre, c’est comme si l’on devait constamment nous rappeler que nous jouons à un jeu vidéo. J’en prends pour exemple les petites statues et les bout de cartes disséminées un peu partout et que l’on peut tenter de retrouver. Parce que ça oui, ça c’est un élément typique des jeux vidéo, collectionner des trucs. Mais non, du coup ça ne colle pas! C’est un jeu de survie, ce que l’on veut s’est fuir devant toute ses horreurs, pas farfouiller dans tous les coins au risque de tomber nez-à-nez avec une aberration qui souhaitent nous gouter la carotide. Même s’il est recommandé de ne pas chercher l’affrontement, ce que j’ai apprécié d’ailleurs, le fait de nous rebalancer des objectifs « trouve tout pour débloquer le mode ultime », tout comme le fait que notre héros reste de marbre face à ce qui se passe devant lui, cassent beaucoup l’ambiance pourtant si riche et prenante. Décide toi le jeu!

Evil Within PC cache cache

Taquin, Stéphane se livre à une partie de cache-cache avec Marcel, propriétaire des lieux.

Pour terminer quel meilleur moyen d’extraire un joueur d’un jeu et de son ambiance que de l’en… éjecter? Il est connu que les japonais ne sont pas friands de jeux PC, mais la touche Bethesda m’aurait plutôt convaincu d’une certaine stabilité. Que nenni, le jeu est optimisé sur PC avec les 7 pieds de l’enfer. Si le patch dont je vous parlais a également permis d’ajouter l’option 60 images par seconde, le tout reste très précaire et les retours Windows intempestifs ont été légion. Dans un jeu qui joue sur le fait de ne pas pouvoir sauver régulièrement, il y a de quoi frustrer. Je vous recommande donc plutôt la version PS4 ou XBO.

Evil Within créature

C’est dégueu… et c’est pas le pire.

Malgré ces points qui me chiffonnent, cette aventure vaut la peine d’être vécue et Mikami a tenu ses promesses, jusqu’au dénouement final qui claque pas mal sa maman. N’oubliez pas que prendre de la drogue pourra des fois être utile pour suivre l’intrigue et que c’est un titre fortement PEGI 18. Avec ça vous serez blindé et vivrez des heures indéniablement prenantes.

Evil Within PC Erreur fatale

Au final ma plus grande terreur dans le jeu…

Note: 7 qui a éteint la lumière sur 10

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

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