En 1959, une expédition de 9 skieurs et randonneurs trouvent la mort de manière inexpliquée dans les montagnes de l’Oural, sur le mont Kholat Syakhl. Le manque de témoins oculaires, les circonstances suspectes du drame, les blessures impressionnantes infligées aux malheureux ainsi qu’une forte dose de radiations trouvée sur l’un des corps ouvrirent la voie aux spéculations les plus folles.
C’est cet incident qui inspira les développeurs indépendants du studio polonais IMGN.PRO à développer un jeu d’horreur explorant les potentielles explications paranormales. D’abord sorti en juin 2015 sur PC, le titre a débarqué sur PS4 au mois de mars de cette année pour le plus grand plaisir de… Ah ben non en fait je ne sais pas pour qui.
Profitez de la lumière du jour du début, après c’est fini…!
Le gameplay est simple: vous vous déplacez très lentement dans la neige des montagnes de l’actuelle Russie et découvrez le terrain de jeu qui s’offre à vous. Vous incarnez un type dont on ne voudrait pas chez Semper Ludo: du genre hardcore qui n’embarque avec lui qu’une lampe de poche, une boussole, une carte et un journal où il consigne les notes qu’il trouve. Pas d’objectif précis à l’horizon, mais la carte revêt cependant quelques annotations de latitude et de longitude qui vous seront utiles lorsque vous ne saurez plus où aller. En effet, Kholat est plus un jeu d’exploration, voire un simulateur de randonnée, qu’un véritable jeu d’horreur. Vous risquez certes une mort certaine à cause des « esprits de la montagne » (comme j’aime à les appeler) qui vous one-shot, mais ils sont facilement détectables et encore plus aisément contournables (en plus d’avoir l’intelligence d’une huître bretonne), on peut donc dire que ce n’est pas un jeu Kohlatapeau…. Sauf au début, j’avoue. Il m’a fallu m’y reprendre à quelques fois avant de comprendre ce qui me tuait, surtout que les sauvegardes sont assez rares.
Jouez au funambule! Toute façon il n’y a pas grand-chose de mieux à faire.
Sur la map, plutôt grande, sont réparties des notes laissées par l’expédition ainsi que des feux de camp vous permettant justement de sauvegarder. Votre job consiste en fait à reconstituer l’histoire des disparus grâces aux indices que vous récolterez. Et que c’est ennuyant! Vous voyez les petits jeux type Slender ? Ben là c’est un peu pareil, le facteur peur en moins et l’immensité de la map en plus. Donc c’est chiant (n’ayons pas peur des mots). Passée l’introduction plutôt cool narrée par Ned St Boro Sean Bean, vous vous retrouvez tel un inspecteur Derrick sous sédatifs à arpenter le seul paysage disponible: la neige, de nuit. C’est certes joli, et l’ambiance est bien retranscrite, les contrôles sont passables, mais qu’est-ce que vous êtes lents (en plus de ne pas pouvoir sauter et de mourir d’une chute d’1m10).
69, lol!
À propos de lenteur, ne traînons pas plus et adressons le plus gros problème de ce jeu: le frame rate qui possède la même tension que votre personnage. Je n’avais encore jamais vu ça, on tombe parfois à seulement quelques images par seconde et c’est vraiment pénible. Alors d’accord c’est assez beau (merci UE4), mais c’est clairement mal optimisé (merci les portages foireux). La PS4 a de la puissance à revendre, mais là ça ne suit vraiment pas. La neige qui tombe en permanence n’aide probablement pas. Je sais ce que vous vous dites, sceptiques que vous êtes: « roh mais quel négatif ce Marsouin, c’est sûrement un petit problème de rien du tout »! Que nenni vil lecteur sournois! Ces baisses surviennent très très souvent et croyez-moi, sur la tête de moi-même, elles rendent l’expérience extrêmement désagréable en vous sortant de l’immersion que le studio de développement a essayé de créer. Je n’ai pas testé la version PC, mais j’ose espérer que c’est mieux optimisé.
Ira, ira pas?
Le seul truc qui sauve cette démo de moteur graphique, en plus de son synopsis de base intriguant, c’est le travail sonore. En effet, pour peu que vous jouiez au casque, un certain malaise s’installe. Entre les violons qui grincent et les jolis chants grégoriens discrets, c’est plus précisément les changements d’ambiances qui vous mettront sur le qui-vive. La bande-son est excellente, et contrairement à un film d’horreur qui devient ultra prévisible grâce à ses variations d’intensité sonore, Kholat aime jouer avec vos nerfs et propose parfois des thèmes malsains et oppressants sans raison particulière. Si ce n’est celle de vous amener à regarder tout autour de vous, haletant, prêt à vous faire attaquer à tout moment. Puis quelques mètres plus loin, plus rien.
En résumé, Kholat est plein de bonnes intentions mal exploitées: que ce soit les graphismes qui ralentissent tout ou le manque de challenge qui vous ralentit vous. C’est bien dommage, car l’ambiance est quand même là, mais on s’ennuie trop vite. Soit il aurait fallu réduire la map et enlever les méchants esprits pas commodes et en faire un jeu entièrement contemplatif, soit il aurait fallu le rendre plus ardu en travaillant mieux les ennemis et le facteur discrétion. Cela dit, si pour vous le gameplay revêt moins d’importance que l’expérience et les émotions que suscite un jeu, il est peut-être pour vous. Moi, je n’ai pas accroché malgré toute ma bonne volonté.
5 Sean Bean sur 10.
Jeu également disponible sur PC.
