Le fameux duel entre lecture et jeux vidéo, on le connait. « Lâche ton jeu ; prends un livre ! », auront sûrement dit beaucoup de parents depuis les années 80. Et si on trouvait un moyen de regrouper les deux ? Vous me pardonnerez cet écart démagogique, l’occasion était trop belle puisqu’il s’agit d’un jeu inspiré de la littérature pour enfant.
The Plucky Squire, ou Le Vaillant Petit Page dans la langue de Joël Dicker, est un jeu d’aventure qui fait penser aux premiers Zelda, avec une vue du monde par le dessus (perspective isométrique). On y incarne un page (notez le jeu de mots en lien avec la thématique littéraire) du nom de Laïus, qui affronte des gobelins, armé de son épée stylo-plume. Le champ lexical est foisonnant ! Notre héros a pris l’habitude de raconter ses exploits dans des livres dont les habitants du royaume raffolent. Cerise sur le gâteau de la mise en abime, le page et ses amis sont eux-mêmes les personnages d’un livre pour enfant dans le monde « réel », celui d’un petit enfant qui adore lire leurs aventures.
À la suite d’une malédiction lancée par le vil mage Ragequit, le page se retrouve expulsé du livre et devra trouver un moyen de changer le cours de l’histoire pour éviter qu’elle ne se termine en avènement de la dictature du mage. Un peu comme un cousin du film Last Action Hero (1993). Ainsi, en progressant dans le jeu Laïus acquiert de nouveaux pouvoirs qui lui permettront d’influer sur ce qui est écrit. Que ce soit en intervertissant des mots pour changer le sens d’une phrase, ou en s’extrayant du livre pour en tourner les pages pour aller chercher un objet ailleurs et le ramener là où il sera utile. Par exemple, en tournant les pages, on peut faire glisser des objets, ou en allant récupérer un mot dans une ancienne phrase, on peut changer le texte pour libérer le passage.
Chevalier des mares et des lettres
J’ai beaucoup aimé The Plucky Squire pour son ton enjoué et léger, son humour (mention spéciale pour les trolls des montagnes fans de musique métal), son second degré et la manière dont il joue avec les codes de l’écrit et de la littérature. Il représente ce que devrait toujours être un jeu pour enfant. Car si les adultes s’amusent avec ses multiples clins d’œil, je pense qu’ils en feront un peu trop vite le tour. Ça a été mon cas, le jeu ne m’ayant pas offert une grande résistance. Mais on peut sans problème laisser les enfants l’explorer, en guise d’initiation au monde des jeux vidéo, mais aussi pour faire des liens avec le plaisir de lire (ou de se faire lire) des histoires. J’avais d’ailleurs fait un stream explicatif à son propos.

Le livre s’adapte régulièrement pour proposer des phases de gameplay différentes. Parfois en bien, avec de la plateforme…
Je lui reproche peut-être quelques passages un peu brouillons où la solution des énigmes est un peu alambiquée. Les développeurs du studio All Possible Futures ont évoqué vouloir faire un jeu « à l’ancienne » et je peux tout à fait voir comment cela se traduit en ressenti de jeu : bien pensé, pas trop long, sans achat supplémentaire, avec une intrigue et un sous-texte plaisants. Un jeu à pratiquer en famille de A à Z !
Note: 8 Roald Dahl sur 10
Testé sur Xbox Series, également disponible sur PC, PS5 et Switch.
Grands gamins
Une mise à jour récente de The Plucky Squire propose désormais un mode « simplifié » qui, contrairement à ce que son appellation pourrait laisser supposer, le rend plus difficile. On y est moins dirigé. Le communiqué de presse explique que « Les dialogues ont été réduits au strict nécessaire, les indices donnés par la caméra et les tutoriels ont été réduits ou supprimés. Enfin, le contrôle du jeu vous est retiré moins souvent, vous permettant de profiter d’une expérience plus fluide et directe. »