Déprédation [Predator: Hunting Grounds, PC]

Tels Schwarzie, Dany Glover ou Adrian Brody, vous aussi vous allez pouvoir affronter le plus grand prédateur de la galaxie. Ou l’incarner pour faire du méchoui de commandos. Mais attention à ne pas vendre la peau de qui que ce soit avant de l’avoir tué.

Il y a des jeux comme ça, qui reposent sur une idée originale et dont pourtant on n’entend quasi pas parler. Predator Hunting Grounds s’est fait discret lors de sa phase de promotion et tente de faire sa place parmi les jeux sortis en période de confinement. Ça lui aura d’ailleurs probablement été salutaire, mais on va y revenir. Le concept qui vaut le détour est celui d’un gameplay asymétrique. Entendez par là que tous les joueurs n’ont pas forcément les mêmes objectifs et ne parcourent pas le jeu de manière similaire.

Predator Hunting Grounds PC Invisible

Où est Charlie?

Get to the choppa!

D’un côté, le plus classique des deux, on incarne un membre d’une escouade des forces spéciales. On ne sait pas trop lesquels d’ailleurs, mais peu importe. Se jouant en vue à la première personne, on rejoint une équipe de quatre joueurs qui reçoit des objectifs variants (relativement peu) d’une partie à l’autre. L’Oncle Sam se doit de stopper un trafic de drogue ou de récupérer des documents, le tout au fond de la jungle humide. Des mercenaires PNJ représentent alors les ennemis principaux. Une fois la mission accomplie, l’escouade doit rejoindre l’hélicoptère d’extraction pour s’échapper et rentrer au bercail. Mais quelque chose de plus menaçant rode sous le couvert des feuilles.

Predator Hunting Grounds PC boue

Se recouvrir de boue, une technique indispensable qui a fait ses preuves.

 

Predator Hunting Grounds PC Intelligence artificielle

L’IA dans sa meilleure performance de « La Queuleuleu… »

RRrr kkrr Kkrr Kkrr kKrr

Le cinquième joueur incarne directement le fameux Predator. Cette machine à chasser par excellence. En vue à la troisième personne, celui-ci a pour but de traquer les soldats d’élite. Pour ce faire, il dispose de tout l’arsenal typique vu dans les différents films de la franchise (vision thermique, canon d’épaule, lance-filet, griffes rétractables, etc.). Perché au sommet des arbres, il se déplace en essayant de rester discret avec son camouflage optique avant de fondre sur les pauvres humains qui feront tout pour se défendre. Si le Predator parvient à ajouter les crânes de tous les commandos à son tableau de chasse, la partie se termine.

Predator Hunting Grounds PC vision

Tu m’vois. Tu m’vois plus. Moi je vous vois.

Chasseur blanc, coeur ouvert

Sur le papier, Predator : Hunting Grounds fonctionne superbement bien. Le studio Illfonics s’étant déjà fait les mains de près ou de loin avec des projets très similaires comme Friday the 13 th et Evolve, une certaine maîtrise de la partition pourrait donc être attendue, surtout chapeautée par Sony. Effectivement, il y a des trouvailles ingénieuses dans les mécaniques de jeu, comme les feuilles qui tombent des arbres au passage du Predator, ou les oiseaux qui s’envolent et indiquent notre présence si on les effraie. En progressant en tant qu’humain ou en tant que bestiole de l’espace, on débloque des nouvelles aptitudes, armes et équipement. Il faut alors constamment évaluer le risque de se faire repérer en voulant récupérer quelques points d’XP en collectant des ressources.

Predator Hunting Grounds PC Lootboxes

Des lootboxes comme s’il en pleuvait, avec du contenu cosmétique, peu intéressant.

La partie peut prendre une tournure différente si les commandos voient une opportunité de capturer le Predator. Le chasseur devenant alors la proie. Ou si celui-ci décide de se faire sauter le caisson, en emportant dans son feu d’artifice la moitié de la forêt. Une fois abattu la partie se termine. A l’inverse, un commando mort peut être ressuscité par ses camarades, mais ça peut parfois être assez long.

Predator Hunting Grounds PC autodestruction

Une rare prise en plan serré d’un Predator qui rigole. Je comprends pas pourquoi.

 

Predator Hunting Grounds PC tir à l'aveugle

Tel Mac Eliott dans le premier film, on va parfois se retrouver à mitrailler frénétiquement de la végétation.

Le respect du matériel d’origine a été soigné. L’action prend visiblement place après le « remake/sequel/on sait pas trop » de 2018. Que ce soient les bruitages, la musique du premier film remise au goût du jour, l’implication du projet Stargazer ou encore quelques easter eggs disséminés dans les objets à récupérer ou dans les éléments de personnalisation des personnages. Mais des années de Chasse et pêche m’auront appris que le costume ne fait pas le bon chasseur.

Predator Hunting Grounds PC personnalisation

En faisant grimper l’XP, on débloque de nouvelles armes et donc de nouvelles stratégies. Ce qui peut amener une part de ré-équilibrage.

T’as pas une gueule de porte-bonheur

Tel le braconnier refusant de reconnaître que neuf heures du mat’ c’est un peu tôt pour un coup de rouge, il faut accepter de voir la réalité en face. Malgré son concept de base efficace, Predator : Hunting Grounds n’est pas exempt de défauts. Les menus ont l’ergonomie d’une loutre épileptique sur un monocycle et il faut bien compter une bonne heure complète avec essai sur le terrain pour comprendre et reparamétrer les touches. Heureusement, certains problèmes, comme le mauvais équilibrage entre les deux gameplay, ont été corrigés il y a quelques jours par un second patch, . Mais si vous dépassez cet écueil (pas des moindres, convenons-en), la partie de chasse est plutôt grisante.

 

Predator HG dépouille

« Je t’avais bien dit que si ça saigne c’est qu’on peut le tuer. »

Comme toujours dans ce genre de jeu multijoueur, notre conseil est sans équivoque : jouez-y avec des amis. Tenter l’expérience avec des inconnus se soldent toujours par un désastre. À quarante boulax c’est pas si cher payé (optez pour la version PC si possible). Nous on y passe de chouettes moments à traquer la galinette cendrée, à deux contre un. Mais si on doit être honnête on vous recommandera alors plutôt d’attendre une prochaine mise à jour pour en profiter réellement.

Malheureusement, pour pouvoir profiter de ces activité champêtres et bucoliques que propose Predator Hunting Grounds, il faut d’abord faire un gros effort d’abnégation pour passer le col du fun. Comprenez là qu’il faut accepter de fermer les yeux sur des gros défauts de conception et une sensation persistante de « peut mieux faire ». C’est cette impression contradictoire qui coute de gros points sur la note finale. J’ai plutôt envie de croire que les vagues de patch vont corriger le tir progressivement. Mais si vous n’êtes pas prêt à détourner pudiquement le regard de ces écueils pour vous focaliser sur l’exhalation de la traque, alors je vous recommande de repousser l’appel de la forêt à plus tard.

Note : 5 Welcome to the jungle sur 10

Disponible également sur PS4

Le premier DLC ramène la bouille de Dutch-Schwarzenegger. Le reste n’est pas encore très encourageant.

 

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

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