De la nécessité de la trichotillomanie [The Last Guardian, PS4]

The Last Guardian était attendu par beaucoup comme le messie après les très salués Ico en 2002 et Shadow Of The Collossus en 2006 par le même studio : Team Ico.

Call 2 Last Guardian PS4

Allez viens Trico, bouge-toi les fesses!

The Last Guardian raconte l’histoire d’un enfant et de son compagnon de route Trico, une sorte de chimère mi-aigle, mi-renard avec un comportement de chat (j’y reviendrai). Alors que vous vous réveillez dans une grotte, sans souvenirs mais avec autant de tatouages mystérieux sur le corps qu’un Michael Scoffield voulant s’échapper de la province de Skyrim, vous trouvez une bête blessée à vos côtés. Après un sauvetage en bonne et due forme qui fait office de tutoriel, Trico, votre compagnon, se met à vous suivre dans vos explorations des ruines anciennes du coin. Le tout se fait en courant, en sautant, et en escaladant. À propos de tuto, j’ai apprécié qu’on me rappelle les touches quand j’ai laissé le jeu de côté quelques jours (pardon Founet), mais de là à indiquer systématiquement au joueur comment faire les 4 ou 5 actions disponibles, même après plusieurs heures de jeu, il ne faut pas abuser. Le message est discret dans sa boîte en haut à droite, mais il devient très frustrant au bout de la centième fois.

Lever Last Guardian PS4

Une des statues et sa fameuse IA « je te vois je te cours dessus »

Car oui, les contrôles sont assez limités. En plus de vos déplacements, vous pourrez tirer/pousser certains leviers, ramasser des tonneaux, et donner des ordres à Trico, comme lui demander de vous suivre ou encore attirer son attention sur un objet/un endroit. Votre seul but, à défaut de recevoir des objectifs précis, est d’avancer coûte que coûte. Trico refuse parfois d’obéir, tenaillé par la faim ou la peur. Vous partirez alors découvrir seul les vestiges alentours afin de trouver la solution qui rassurera la bête et la fera continuer. Trico vous est indispensable : en plus de vous sortir de galère à maintes reprises, il vous accepte sur son dos lorsque le vide vous sépare de votre destination et s’élance comme un petit cabri pour vous amener à bon port. Il peut aussi tirer certaines chaînes pour ouvrir des grilles ou vous défendre des statues possédées qui vous attaquent. Ces sculptures essayent tranquillement de vous attraper pour vous kidnapper, mais Trico les défoncera sans soucis, pour peu qu’il puisse les atteindre. Si elles vous choppent, des runes apparaissent à l’écran. Après un massacre en règle de boutons de la manette , les glyphes disparaissent un à un jusqu’à ce que vous vous libériez de leur emprise. Mouais. Ils ont implémenté le même principe lorsque vous chargez une partie, je ne comprends pas bien l’utilité et c’est juste pénible.

Histoire sans fin Last Guardian PS4

Des petits airs d’Histoire sans fin

Et voilà, on va encore me traiter de râleur…! Mais pas du tout Monsieur, je me veux intransigeant et impartial! TLG possède pleins de qualités, à commencer par son esthétique: pas de HUD qui s’affiche avec une barre de vie ou de munitions, l’accent est mis sur l’exploration et l’immersion. L’histoire avance entre autres grâce au narrateur en voix-off (le garçon devenu adulte) et il y a très peu de dialogues. La langue utilisée est une déformation du japonais. Face à ce langage étrange, on se retrouve perdu et on s’identifie à notre protagoniste amnésique.

Trico Last Guardian PS4

Merci c’est ici que je descends.

Cependant, la narration se fait principalement via votre relation avec Trico, qui devient autant une mécanique de jeu qu’une technique scénaristique. L’animal possède véritablement sa propre volonté, et bien qu’il finisse généralement par vous obéir, il faut parfois s’armer de patience. On est loin des réactions instantanées de l’IA que la plupart des jeux ont adopté pour le bien d’un gameplay ludique et réactif. Trico prend son temps, renifle son environnement, gratte la terre et prépare ses sauts. Cela ajoute une touche de réalisme bienvenue et je comprends le choix artistique derrière, mais qu’est-ce que c’est frustrant. Passer jusqu’à plus d’une minute à vouloir faire sauter Trico, pour qu’au final il saute sur place et ne vous amène pas à l’étage supérieur rend paranoïaque. Et oui, même quand c’est le bon chemin, cet espèce de chat peu coopératif ne presse pas ses animations et vous fait attendre.

Platformer Last Guardian PS4

Et une séance de plateformes, une!

Les énigmes à la Tomb Raider mises de côté, TLG devient principalement un platformer. Jusque là pas de problème. Les choses se corsent lorsque l’on parle des contrôles extrêmement peu réactifs, ce qui est plutôt un comble pour le genre. Pareil qu’avec Trico, le demi-tour instantané n’est pas possible à cause de l’inertie de votre personnage et de la longueur, voire lourdeur, des animations. Heureusement, les phases d’énigmes ne sont pas trop faciles et demanderont parfois un sens affûté de l’observation.

Exterieur Last Guardian PS4

C’est joli mais ça raaaaame!

Visuellement, c’est plutôt joli avec ses couleurs vives en extérieur et ses ambiances tamisées en intérieur, ses textures de bonne qualité mais malheureusement trop répétitives, et son personnage principal façon cell-shading. C’est propre, c’est lisse, ça flatte le cristallin de voir les plumes de Trico bouger individuellement les unes des autres. Par contre, la PS4 peine légèrement et c’est la foire aux baisses de framerate, peu violentes mais répétitives. Peut-être aurait-il fallu que la bête soit moins velue pour moins alourdir le système (d’où le titre de ce test). 10 ans d’attente pour un soft optimisé à la truelle, c’est pas terrible.  « Hasard » de calendrier, le jeu sort en même temps que la PS4 Pro, censée être plus puissante. Je dis ça, je dis rien…!

Beast Last Guardian PS4

« Hue Canabis, Hue! »

The Last Guardian est rafraichissant dans le paysage actuel du jeu vidéo: une direction artistique qui prend des risques et des techniques scénaristiques dont pas mal de monde devrait s’inspirer dans ce medium principalement visuel qu’est le jeu vidéo (ne raconte pas, montre!). Malheureusement, son gameplay souffre de tares qui auraient pu être facilement évitées et le tout est bien trop court (8 à 10h). J’ai longtemps hésité quant à la note que j’allais attribuer à cette aventure. Parti du 6, il obtient quand même de justesse un 7 pour son storytelling exemplaire.

7 petits chats sur 10.

Exclusivité PS4.

Author: Marsouin

Un homme, une œuvre, une légende ! Ainsi se résume Marsouin, de son vrai nom Marcel Soupape. Il fit ses premiers pas vers la gloire avec la console NES, grâce à son mentor et modèle, son frère. Et tout de suite, c’est le tourbillon et l’enchaînement, notamment, de la Super NES, la N64, la Dreamcast (pas son meilleurs passage), Playstation, Xbox et enfin Xbox 360. Malgré une légère décadence dans son parcours, compensé notamment par sa liaison constante avec un PC, ce n’est rien comparé à la traversée du désert qui suivi. Ni les consoles, ni les PC ne furent d’intérêt pour lui, mais seulement les femmes, l’alcool, la drogue (Les Tuc) et le Djent. Un classique, mais l’histoire finit bien. Car soudain, c’est la rédemption! Contacté par Rael directement, il redécouvre son potentiel via un bol d’urine tous les matins et s’achète une PS4. Depuis le succès est à nouveau au rendez-vous, comme une annonce d’apocalypse.

Share This Post On

Submit a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *