Quelle est la différence entre le Roi Singe et notre rédacteur-en-chef adoré? L’un est grand, poilu et nonchalant, l’autre est courtaud, lisse et revêche. Je vous laisse deviner qui est qui. Monkey King : Hero is back
Monkey King : Hero is back n’est, comme son nom l’indique, pas du tout la suite d’un opus où le héros s’en irait, mais l’adaptation d’un film chinois de 2015. Le film comme le jeu mettent en scène le Roi Singe Dasheng, personnage légendaire de la littérature chinoise du XVIème siècle et source d’inspiration de nombreuses autres œuvres, dont Son Goku de DBZ. Voici pour l’instant culture, tournons-nous maintenant vers le jeu lui-même.
Le poil de la bête
D’après ce que j’ai vu des extraits du film, le jeu a l’air de suivre le scénario, allant jusqu’à recréer certaines scènes à l’identique. Dasheng, primate rompu à tous styles de kung-fu et de magie, a osé défier les dieux et se retrouve pris dans la glace durant cinq siècles comme punition. Un gamin poursuivi par des trolls entre dans la caverne et touche la glace qui retient le guerrier. Dasheng est libéré et l’aventure commence. Sauf que… les dieux ne sont pas dupes et ont limité le pouvoir du Roi singe avec un bracelet fait de chaînes.
Un bouddha lui explique que pour récupérer ses capacités, il devra faire le bien autour de lui. Ce qui est complètement à l’opposé de l’égoïsme de Dasheng. La première tâche consistera donc à ramener le morveux qui louche chez lui. Je ne sais même plus son nom parce qu’il est tellement chiant. Pendant tout le jeu. Vous allez voir.
Monkey King se présente comme un jeu d’action, avec des affrontements fréquents. Le système de combat est maintenu au strict minimum, avec des attaques faibles ou fortes, saut, esquive, pas de locking ni de combos, et une caméra qui essaie de suivre. Rajoutez à ça une jauge de mana qui permet de lancer des sorts offensifs ou tactiques que l’on débloque au fil du jeu et vous avez la recette du jeu. Pour pimenter le tout, certaines attaques ennemies peuvent être contrées, ce qui permet de se débarrasser rapidement de l’agresseur après un petit duel. Parfois, des objets (pierres, bancs, bâtons) sont à portée de main et permettent d’améliorer l’allonge ou de servir de bouclier.
Rira bien qui rira jaune
Une fois passées la découverte du jeu et l’assimilation du gameplay, j’ai eu l’impression d’avoir fait le tour du jeu. Il y a bien quelques subtilités durant les combats, mais la technique du rentre-dedans – avec deux, trois esquives – fonctionne la plupart du temps. Les ennemis ne sont pas très variés : j’ai compté trois sortes d’adversaires communs, dont la couleur change en fonction de leur force, et deux sortes d’adversaires coriaces. Ceux-ci sont d’ailleurs présentés comme des mini-boss qui donnent du fil à retordre, mais qui se retrouvent finalement à tous les coins de rue passé le milieu du jeu.
Et la progression est affreusement linéaire. Toutes les zones sont en pratique des canyons ; impossible de s’écarter des sentiers battus. Sans prétendre à l’open world, j’aurais aimé pouvoir explorer ces maisons abandonnées ou ce sous-bois et y trouver quelques objets cachés. À ce propos, amasser des tas de machins est en pratique l’activité principale quand ce n’est pas l’heure de castagner.
Que ce soit du loot ou juste des champignons au bord du chemin, il existe de tonnes de collectibles de toutes les couleurs, qui mettent à l’épreuve la résistance du bouton Rond (c’est lui qui sert à ramasser !). Tout ce cheni sert ensuite de monnaie d’échange aux « stations-service ». L’équivalent pour moi de ces endroits qui jalonnent la route, où sont regroupés le vieux qui augmente tes capacités, le marchand pour acheter des objets et la statue de sauvegarde et d’amélioration des sorts. Toujours dans cet ordre et avec leurs voix niaiseuses.
Un point positif tout de même pour le système d’échange : si, à première vue, tout semble affreusement intriqué, on se rend vite compte que tout est divisé en tiers (classes d’objets). Les objets low tier qu’on trouve partout, comme les champignons, servent uniquement à acheter des objets de classe inférieure, comme une potion de soin faible, ou à être échangés à vil prix contre des objets de tier supérieur. Ainsi, il est toujours possible d’obtenir des objets de rang élevé, même si on a raté le coffre ou l’ennemi qui le donnait.
Mollet de singe
La modélisation et l’animation des personnages sont clairement les aspects les plus peaufinés du jeu. Sans doute, l’équipe de Sony Interactive Entertainment a-t-elle pu profiter des modèles du film d’animation. L’ambiance sonore est généralement discrète, mais la musique a le défaut de recommencer depuis le début après chaque combat ou changement de zone.
Les bruitages, eux, sont du fait maison. Je veux dire par là que les grognements de monstres sont doublés à la voix humaine. Surprenant la première fois, ça s’intègre finalement bien dans l’ambiance un peu cartoon de l’aventure. Exception faite des gargouillis rauques de tuberculeux utilisés pour les plus gros monstres. Il y a d’ailleurs un son en particulier que je ne supporte plus d’entendre, c’est quand le gamin du début – parce qu’il va nous accompagner un moment ! – crie « Mooooonstre ! » à chaque fois qu’on en croise un. À. Chaque. Fois. C’est amusant la première fois parce qu’il a peur et nous on a nos muscles, c’est usant les fois suivantes. À tel point que j’ai parfois joué sans le son.
Pratiquement tous les aspects de Monkey King pourraient être améliorés. Pas forcément de beaucoup, mais ça suffirait à le rendre original. Rien que d’éliminer les temps de chargement quand on entre dans une maison sans porte diminuerait ce sentiment de « terminé à la va-vite ». Est-ce que tout ça fait de Monkey King un mauvais jeu? Pas complètement, mais ce n’est de loin pas un bon jeu non plus. Il ne faut juste pas être trop regardant, comme quand on commande une 1080 Ti sur Wish pour quelques dollars.
Note: 4 pangolins sur 10
Disponible également sur PC.