Sorti le 28 avril dernier, Kaamos est un habile mélange entre roguelike et puzzle game. Ce cocktail n’est pas sans rappeler The Legend of Bum-bo (Edmund McMillen, James Interactive, Ridiculon, 2019). Développé par Pepperbox Studios et édité par Freedom Games, il récolte des évaluations très positives sur Steam. Mais qu’en est-il réellement ? Petit jeu indé au concept novateur, vulgaire plagiat du fameux Bum-bo ou véritable pépite qui mérite d’être découverte ? La réponse (subjective) vous attend dans ce test…
Du matos gratos ?
Dans Kaamos, vous incarnez un combattant médiéval dans un monde hostile. Comme dans tout roguelike qui se respecte, chaque mort est définitive et vous fera recommencer le jeu depuis le début. La carte du monde est procédurale, propose plusieurs chemins et, à la manière d’un Pathway (Robotality, Chucklefish, 2019), certaines destinations vous mèneront à des affrontements (en rouge sur la map) et d’autres vous octroieront du loot sans combat (en bleu, oui c’est gérable). Les types de récompenses (armes, armures, soins ou bagues magiques) des différents points d’intérêts sont connus d’avance, ce qui permet d’optimiser votre parcours. En revanche, aucune information sur les ennemis que vous aurez à défier, ce qui peut mal tourner… Vos errances vous mèneront de forêts en charrettes brisées, de champs de bataille en tours abandonnées et même des abbayes où vous affronterez les boss.

Si l’on en croit Spinoza, en vrai on ne fait pas de choix. Dans le doute, toujours partir sur la gauche…
Le but du jeu sera de construire un build pour votre personnage. Vous aurez le choix de votre avatar, mais il faudra trimmer pour ça. Le guerrier qui est le personnage de base obtient des bonus lorsque ses points de défense baissent. Le chevalier est débloqué lorsque vous avez vaincu le premier boss et s’avère plus efficace lorsque son armure est attaquée. Le choix de votre incarnation déterminera votre stratégie, le loot orientera son évolution et l’aléatoire s’occupera de bouleverser toutes vos certitudes.
Un gameplay chouettos
Dans Kaamos, les combats se déroulent lors des phases de puzzle. Le but sera de regrouper un maximum de symboles identiques (au moins trois) sur votre deck, en faisant défiler une ligne ou une colonne. Le nombre de symboles disponibles sur la grille dépend de votre équipement et ils se divisent en 4 catégories : arme, défense, armure et esquive. Vous pouvez réunir plusieurs types de tuiles différentes en même temps, voire même plusieurs fois des symboles du même genre si votre équipement le permet. Les bastons se déroulent au tour par tour et le deck est réinitialisé après chaque phase. Comme je sens que je suis en train de vous perdre et qu’une image vaut mieux qu’un long discours, voici un exemple :

Là, par exemple je fais 5 de dégâts et 4 de défense (le maximum avec mon équipement). [NDTeiki : je capte toujours rien, mais je relance de 12]
Comme leurs noms l’indiquent, la défense et l’armure vous protègent des dégâts, l’arme attaque l’opposant et l’esquive augmente votre jauge de feinte, qui vous permet d’esquiver les coups de votre adversaire une fois pleine. Pour le reste, c’est très simple : battre votre rival avant de mourir. Survivre pour trouver du meilleur loot, pour devenir plus fort, écraser ses ennemis, les voir mourir devant soi et entendre les lamentations de leurs femmes… On est sur de la bonne ambiance !

Là je pourrais infliger au boss 7 points de dégâts d’un coup, mais sa jauge d’esquive étant pleine, ce serait inutile…
Techos et zickoss
Niveau direction artistique, Kaamos mise sur du pixel art comme au bon vieux temps. Les personnages sont stylisés et on voit les différents équipements sur votre avatar. Les décors sont variés et plutôt jolis étant donné les contraintes. La musique 8-bit minimaliste vous mettra assurément dans l’ambiance. Bien qu’elle soit (très) répétitive, elle ne m’a jamais saoulé et la boucle tourne très bien. Le système de loot est aléatoire et plutôt bien pensé. Vos armes et équipements modifient vos stats autant que le nombre et le type de tuiles, en fonction du matériel. Si lors de mes premières parties la complexité des choix m’a poussé à faire des tableaux sur des post-its, on comprend vite la logique et on sauve la planète en arrêtant de gaspiller du papier…
Craignos ?
Certains ennemis sont vraiment coriaces, et pas forcément adaptés à votre build. Lorsque vous incarnez une brute épaisse et que vous affrontez une anguille spécialiste en esquive, le combat peut vite tourner à la farce dont vous êtes le dindon… Il m’est arrivé un nombre incalculable de fois de gueuler à mon adversaire « Mais vous étiez pas mort espèce de connard ?! » tel un roi Arthur en pleine incompréhension. Mais si cette mécanique est frustrante, elle fait sens dans le jeu. Non, le seul vrai défaut de Kaamos, c’est que les méchants sont en rouge, alors que le rouge c’est la couleur du bien. C’est très déconcertant !
Coolos !!
Pour répondre à la question de l’intro, déjà il ne s’agit pas d’un plagiat bête et méchant. Si les concepts se ressemblent en effet, on est loin de la copie conforme, ou même de l’hommage qui cache la forêt. Le gameplay, le scénario, la D.A. et l’ambiance de Kaamos sont suffisamment différents pour qu’on parle d’inspiration et non d’imitation. Les mécaniques sont bien huilées et relativement addictives. Concernant la difficulté, le jeu est dur, mais juste, mais quand même pas mal dur… Toutefois, si vous aimez les puzzles et les roguelikes exigeants, que les échecs successifs ne font que vous motiver de plus belle et que les combats médiévaux vous ont toujours fait rêver, ça vaut le coup de tenter l’aventure. Vu son prix (moins de neuf francs hors solde), je ne saurais que trop vous le recommander.
Note: 9 épées légendaires/10
Testé sur PC (disponible sur PC uniquement)