Blanche quête et les sept chemins [Final Fantasy VII remake, PS4]

Final Fantasy VII a été pour une génération de joueurs la porte d’entrée vers les jeux de rôle sur console. Il paraît que tout le monde l’attendait, mais pour moi ce remake est le premier contact avec la vaste saga de Square Enix.

Même sans m’être spécialement intéressé à la grande série des Final Fantasy, certains éléments de la franchise ne me sont pas inconnus : grosses épées, une bonne dose de magie et d’invocations, des poulets géants et des coupes de cheveux invraisemblables. Se limiter à ces clichés serait passer à côté d’une aventure vidéoludique des plus enrichissantes. Par ici je vous prie. Final Fantasy VII remake

Final Fantasy VII remake

Tout le monde sait que les filles aiment les grosses épées.

 

Du haut de ses quinze titres officiels, la saga Final Fantasy a eu le temps d’évoluer. Comme dans tous les épisodes de la série principale, la couche de fond est un jeu de rôle. On contrôle une équipe de jeunes gens qui vont voir leurs capacités évoluer avec l’expérience acquise, qui leur permet d’apprendre de nouvelles compétences. L’équipement aussi peut évoluer ou être remplacé par de meilleures options. Une jauge de magie permet de lancer des sorts s’ils sont disponibles. S’épanouissant sur ce terreau universel, Final Fantasy VII va pourtant se démarquer des jeux de rôle plus courants.

La narration est au centre du jeu, juste devant l’action bien entendu. Les plans cinématiques sont nombreux, mais rarement trop longs. L’action se résume parfois à marcher dans les rues en dialoguant avec l’un des protagonistes. C’est d’ailleurs l’une des nombreuses occasions d’admirer la refonte complète du jeu opérée par Square Enix. Ces passages permettent généralement d’en apprendre plus sur le passé ou les motivations des personnages, et de les rendre plus profonds ou attachants.

Le plastic, c’est fantastique

Le protagoniste principal se prénomme Cloud. Son aventure commence par une mission bien particulière : placer une bombe dans le réacteur d’une centrale énergétique pour empêcher ses propriétaires de l’exploiter. La mission est accomplie malgré quelques accrocs. La charge est toutefois trop efficace et l’explosion ravage les quartiers aux alentours de la centrale. Rapidement, les médias lancent le mot « terroriste » pour qualifier les actions du groupuscule. La notion de « méchant » en devient tout à coup relative. Mais bon, les vrais méchants ont quand même l’air bien méchants.

Final Fantasy VII remake

Final Fantasy VII remake

Plus que pour nuire aux finances de Shinra, l’entreprise qui exploite le réacteur, c’est tout bonnement pour sauver le monde que cette opération a été organisée. En effet, le réacteur consomme l’énergie de la planète — ou plutôt sa sève, la Mako —  pour en faire de l’électricité et d’autres biens de consommation. C’est cette source d’énergie, a priori inépuisable, qui a permis à la Shinra de dominer toute la ville. On mesure bien l’immense potentiel de cette source, qui a permis de bâtir la cité-état de Midgar sur plusieurs étages ; les riches en haut et les bidonvilles en bas. C’est donc une sorte de quête idéaliste qui semble guider nos pas dans les méandres de cette métropole.

Comme le veut souvent la pratique des RPG, le passé du héros n’est pas très clair. Lui-même ne l’a pas oublié, mais il n’a pas envie d’en parler — sans doute pour d’autres raisons que parce que c’est écrit dans le scénario, on espère. On sait tout de même qu’il est un ancien SOLDAT (en majuscules je vous prie) : une sorte d’humain augmenté qui possède une bien meilleure constitution que la moyenne. Ces combattants sont justement formés par la Shinra et ont subi des expositions répétées à la Mako pour développer leurs capacités. Cloud a donc une connaissance élargie des infrastructures Shinra, très pratique pour la mission. Pourquoi a-t-il tourné casaque ? D’après ses dires, ce ne serait que pour l’argent…

Final Fantasy VII remake

C’est ce que le rédacteur en chef nous dit tous les jours.

La recette du bonheur Final Fantasy VII remake

Mais Cloud n’a certainement pas rejoint le groupe de résistants Avalanche juste pour se remplir les poches (d’ailleurs, ils payent mal), car à la tête de celui-ci se trouvent Barret et surtout Tifa, son amie d’enfance. On comprend rapidement qu’un lien particulier lie Cloud et Tifa, dont les retrouvailles après plusieurs années de séparation ne sont pas faciles. Barret et Tifa sont également deux personnages qui peuvent rejoindre l’équipe de Cloud et être contrôlés durant les combats.

Si Cloud est plutôt un combattant polyvalent avec son immense hachoir et ses quelques compétences magiques, Tifa se démarque avec son style corps-à-corps et ses attaques rapides qui permettent de faire de nombreux dégâts dès qu’une ouverture se présente. Barret quant à lui est le tank de l’équipe. Sa mitrailleuse lourde lui permet d’attirer l’attention des monstres loin de ses équipiers et de concentrer le feu sur les adversaires plus solides. La formule se complète plus tard avec l’arrivée d’Aerith, délicate vendeuse de fleurs, rompue aux arts magiques. Les différents membres de l’équipe vont parfois quitter le groupe au cours de l’histoire. Une bonne partie de l’aventure se déroule donc en comité réduit, ce qui permet de resserrer les liens entre tous ces jeunes gens.

Final Fantasy VII remake

Les échelles : un élément capital du level design de FFVII remake.

Final Fantasy VII remake

Entre la narration et les quêtes, il y a la baston. Pour ce remake, Square Enix a choisi une façon hybride de traiter les combats : à mi-chemin entre le temps réel et le tour par tour. Le combat en lui-même se déroule en temps réel et c’est au joueur de cibler, attaquer, esquiver ou parer. L’un des personnages est dirigé par le joueur, tandis que les autres sont contrôlés par une IA plutôt défensive. On peut librement passer d’une personnage à l’autre, indispensable pour placer les combos qui envoient du lourd.

Au cours de l’affrontement, la jauge « ATB » de chaque personnage va se remplir. ATB ? Avaleur de Trucs Bizarres ? Automatische treinbeïnvloeding ? Non, Active Time Battle. Ne comptez pas sur le jeu pour vous le dire. Bref, une fois cette jauge assez remplie — en attaquant ou en parant par exemple — elle permet d’utiliser une compétence apprise, un sort ou un objet. C’est à ce moment que le temps se fige presque, histoire de laisser le temps au joueur de lancer le bon sort sur la bonne cible, ou de donner des ordres aux persos non contrôlés. La recette est aussi simple que ça. Mais quand on rajoute les affinités élémentaires et le style de combat unique à chaque personnage. Ça fait vite un certain nombre de concepts à gérer simultanément. Outre les altérations d’état propres à tout RPG, la notion de choc fait son apparition. Final Fantasy VII remake

Chaque adversaire a une faiblesse, qui peut être soit un élément ou une question de timing d’attaque. L’exploiter permet de remplir une jauge de fragilité jusqu’à pouvoir immobiliser l’adversaire et lui faire sa fête. Comme dans tout bon JRPG, le système de combat n’est que sommairement expliqué, alors que c’est un point central du jeu. Toutes les informations sont là, mais souvent succinctes. Il y a donc un risque de se casser quelques dents lors d’affrontements que la force brute ne résout pas à elle seule.

Final Fantasy VII remake

Capillotracté

Si les mécaniques de combat sont bien huilées et la narration accrocheuse, bien que décalée par moments, Final Fantasy VII remake n’est pas sans défaut. Les environnements, plutôt riches visuellement, n’offrent qu’une exploration assez linéaire et les quêtes sont généralement limitées à la zone où l’on se trouve. La modélisation des personnages est inégale, surtout au niveau capillaire : les protagonistes bénéficient de masse polygones et d’une chevelure soyeuse, tandis que les personnages secondaires ont soit beaucoup de gel, soit pas de cheveux du tout. Je ne vais pas m’attarder sur les figurants clonés qui remplissent les rues.

Ces choix certainement liés à l’optimisation des performances — pratiquement aucun temps de chargement une fois le jeu lancé — passent presque inaperçus au premier coup d’œil. Mais les nombreux aller-retour nécessaires au scénario auront raison du stratagème. La nature des quêtes est souvent de type « FedEx ». C’est-à-dire aller livrer ou chercher quelque chose et le ramener, ou un affrontement. La linéarité des donjons est aussi assez apparente, avec des salles pleines d’ennemis, connectées entre elles par des tunnels ou des échelles, le tout parsemé de salles de repos.

FF7 remake

Rien de tel qu’un peu d’ikebana pour se changer les idées.

Final Fantasy VII remake

J’ai apprécié la variété du gameplay, qui offre par moments des séquences spéciales, comme un combat à moto. Ainsi que de me laisser porter par l’histoire. On n’incarne pas Cloud, mais on le guide à travers ses choix. C’est lui qui choisit d’aider les autres et il faut faire en sorte que ça marche. Sans doute l’une des facettes de la narration à l’orientale. L’univers par moments farfelu ou grotesque (en particulier les monstres) m’a tout de même fait me dire « Attends, je joue à quoi là ? » plus d’une fois. Mais on a toujours envie d’en connaître la suite. Final Fantasy VII remake

Certains combats ont parfois tendance à tirer en longueur. Pas évident de trouver les faiblesses de certains boss, si on a oublié d’équiper la compétence d’analyse. Et si par malchance les bonnes magies ne sont pas équipées, autant recommencer le combat plutôt que de passer une demi-heure à lentement éroder les points de vie. Pour finir, mention spéciale pour la musique de Nobuo Uematsu, toujours adaptée à la situation.

Final Fantasy VII remake

N’oubliez pas de vous étirer après l’entraînement !

Les thématiques abordées petit à petit au cours de la narration sont parfois adultes, parfois pleines de sous-entendus cocasses. Les plus jeunes y trouveront aussi leur content, car il n’y a pas besoin de comprendre l’histoire pour avancer. Un mode facilité permet également de rendre les combats plus simples et en partie automatiques.

Est-ce que Final Fantasy VII remake est toujours cette porte d’entrée vers le JRPG ? Je dirais plutôt oui. Le joueur y est quand même guidé : pas de monde ouvert où se perdre et tomber sur des ennemis surpuissants, une progression assez linéaire qui permet de se faire la main sans besoin de grind et des améliorations de l’équipement juste assez fréquentes pour toujours avoir quelque chose à apprendre. Le jeu n’est pour autant facile ; il faut acquérir une certaine maîtrise de toutes ses mécaniques pour en venir à bout. Sachez que les aventures de Cloud et sa clique sur les Terres du Milieu Midgar ne se terminent pas ici. Square Enix a en effet décidé de répartir le jeu original (sur 3 CD) entre deux jeux PS4 de 100 Go chacun. Celui-ci actuel ne présente donc pas l’histoire complète.

Note: 8 tubes de gel sur 10

 

Author: Vertigo

Un jour de départ à la Gamescom, une gastro foudroyante avait terrassé pratiquement l’ensemble de la rédaction de Semper Ludo. C’est donc sur un quai de gare que fût recruté Vertigo, à titre de stagiaire porte-gobelet. Il aurait pu s’appeler Augustin, mais non. Le pérégrin sillonnait la région, à pied nus, bien dans ses baskets, en quête d’une pauvre âme à soulager d’un fardeau, d’un prochain à aider ou d’une veuve à dés-éplorer. Sa 3DS ne quitte jamais sa poche et il est doté d’une connaissance de la culture japonaise éclairée et d’une sagesse mystique lorsqu’il s’agit de refuser les petits fours d’un éditeur véreux (ceux aux anchois). Il boxe dans la catégorie Nintendo depuis la NES, mais ne rechigne pas à tâter du PC et sait lire dans les étoiles les mouvements de ses adversaires sur Towerfall. Vertigo a ainsi embrassé (avec la langue) la cause semperludienne et a su prouver sa valeur en gagnant ses galons de chroniqueur. Certaines rumeurs et Paris Match affirment qu’il est capable de parler aux yoshis les soirs de pleines lunes et qu’il les rejoindra lorsque le moment sera venu. En attendant, on lui demande juste de rendre ses textes.

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