Il y a deux choses que je déteste dans les jeux vidéo: les niveaux se déroulant dans la neige et les scripts qui ne se lancent pas suite à un bug. Heureusement, il ne neige pas à Boston à cette période de l’année.
Vampire – The Masquerade: Swansong est un jeu d’enquête se déroulant dans l’univers du jeu de rôle (papier) éponyme. Et dont l’intrigue se déroule à Boston, donc. Maintenant, vous voyez probablement où je veux en venir. On y incarne trois suceurs de sang à tour de rôle, dans le but de comprendre qui en veut à la non-vie de la nouvelle princesse de la ville. Rien à voir avec un château magique, non là on est plutôt dans le registre des guerres de clans. Des clans avec des longues dents, un appétit certain pour le boudin noir, mais des valeurs différentes pour chacun d’entre eux.
C’est la nuit, c’est la fête, mais « patatras » (since 1932) quelqu’un déclenche un « Code Rouge », obligeant tout ce beau petit monde à se regrouper au quartier général et à détruire les preuves de leur existence pour couvrir leurs arrières. C’est le principe de La Mascarade, qui permet aux vampires de coexister avec les humains, sans que ces derniers ne suspectent leur présence. Briser La Mascarade est un crime, punissable de mort définitive.
Mascara water proof
Petit pointage pour remettre les pendules à l’heure. Si vous ne connaissez pas le jeu de rôle de base, jouez-y. L’univers est génial, subtil, grandiose dans ses ramifications. Basé sur une mythologie vampirique proche de celle de Anne Rice, puis de True Blood un peu, et donc aux antipodes de celle de Twilight. Dans ce lointain cousin de Vampyr, chaque clan de vampire fonctionne selon son propre code et des mécaniques de jeu inspiré par ceux-ci. Généralement, les objectifs et les capacités diffèrent selon son choix d’appartenance. Ce n’est pas la première fois que le jeu est adapté sur nos écrans. Dans ma jeunesse, j’avais beaucoup aimé Vampire – The Masquerade: Redemption (qui a pris un sale coup de vieux). Et prochainement devrait sortir Bloodlines 2, suite d’un autre jeu de rôle que je n’ai jamais essayé.
Le chant du cygne (forcément…)
Je dois dire que j’avais beaucoup d’attente pour ce Swansong. Et très vite, j’ai déchanté. J’ai rarement vu un début de jeu aussi indigeste. Encore, que le scénario tente de nous prendre par surprise en ne nous posant pas tous les éléments à connaître dès le début, ça ne me dérange pas. C’est une ficelle narrative. Mais que les mécaniques de jeux soient si difficiles à intégrer, ça passe moins bien. N’est-ce pas une erreur de game design que de présenter un (assez large) arbre de progression à un moment où nous n’avons encore aucun point d’expérience à y dépenser pour faire progresser une compétence ? Et malheureusement, beaucoup trop d’éléments suivent cette (mauvaise) direction.
Ce que je ne comprends pas vraiment, c’est pourquoi avoir voulu intégrer autant de facultés dans Swansong ? Notez bien qu’en introduction j’ai dit qu’il s’agissait d’un jeu d’enquête et non pas d’un RPG. Les dimensions créations de personnages sont très diffuses, puisque chaque fois que je dépensais des points de compétences avant une mission, j’avais l’impression de choisir les mauvaises. Ainsi, celles pour lesquelles j’avais opté ne m’étaient jamais utiles. Par contre, l’enquête est plutôt sympa, elle ! Si chaque chapitre se déroule dans des niveaux fermés, j’ai bien aimé explorer leurs décors assez librement pour récolter des indices et essayer de résoudre par déduction ce qui s’y était passé. Surtout qu’il y a plusieurs manière de parvenir au terme de chaque étape.
Exemple, je tombe sur un téléphone contenant des messages. En les lisant, je découvre que l’un d’eux explique que la combinaison pour ouvrir le coffre a changé et qu’il s’agit maintenant de la date d’anniversaire du fils de son propriétaire. En explorant la chambre du gosse, je trouve une photo de lui devant un gâteau avec une bougie et une date. Un peu plus loin, le « journal » du fiston relate des événements liés à ce même anniversaire. En regroupant le tout, j’identifie le moyen d’ouvrir le coffre. J’aurais également pu le pirater ou le forcer, si j’en avais eu l’envie.
Mais ensuite, que c’est poussif. Comme pour contre-balancer l’explication précédente, voici un exemple d’une bonne idée qui ne fonctionne malheureusement pas. Certains objets peuvent être analysés avec les « sens vampiriques », mais cela coûte des points de sang. Si la jauge atteint son maximum, notre personnage est supposé perdre la raison. Mais ça ne m’est jamais arrivé. La rage de la faim ne devient jamais une vraie menace. Alors que c’est un élément central de l’univers de La Mascarade. De plus, en utilisant ces pouvoirs, j’obtiens pafois uniquement une aura rouge autour de l’objet, dont je ne peux rien faire de plus. Plus j’ai joué à Swansong, plus j’avais l’impression de manger un dessert préparé par un candidat un peu zélé du Meilleur Pâtissier de M6 : les éléments séparés avaient l’air bon, mais ne se mélangeaient pas bien.
Riri, Fifi et Loup-loup
Le fait de pouvoir incarner trois personnages différents était aussi une bonne idée ! Mais en réalité, les choix proposés peuvent se traiter de manière assez identique. Ce n’est qu’au bout d’un moment que j’ai décidé d’attribuer moi-même un « caractère » à chacun d’entre eux. Suivre les ordres, les contrer, suivre son instinct, etc. J’ai donc choisi de faire de Galeb un bon petit toutou, de Emem une rebelle et de Leysha la benjamine tiraillée et influençable. Ceci m’a donné de la matière pour faire mes choix, selon cette ligne directrice.
Cette histoire de conspiration était suffisamment bien ficelée pour me pousser à voir le bout de Swansong. Pourtant, lorsqu’à la fin d’une mission, je me suis approché d’un PNJ qui inspectait un document, le dos courbé, penché sur une table, mais à plus de deux mètres de cette table, je me suis bien dit que quelque chose n’allait pas. Effectivement, le dialogue qui devait se lancer à ce moment et clore le niveau ne se déclenchera jamais. Après une dizaine d’heures de jeu, ça a malheureusement été le coup de grâce à ma motivation et je suis en train de regarder la fin de l’histoire sur YouTube au moment de taper ces lignes.
Mauvais sang
J’avais vraiment envie de croire en Swansong et son grand respect du lore vampirique. La manière dont le studio bordelais Big Bad Wolf s’est emparé de cet univers de renom dénote indéniablement une passion et une appropriation plaisante. J’ai beaucoup aimé les mécaniques d’enquêtes et la manière dont les ramifications scénaristiques nous entraînent dans les complots de cour moderne. Malheureusement, je crois que l’ambition a poussé l’équipe a essayé de faire tenir trois jeux en un. Dommage, mais probablement prometteur pour un prochain projet.
Note: 5 gousse d’ail sur 10
Testé sur PC, disponible également sur PS5, PS4, Xbox One et Xbox Series X|S.