Posted By Founet on 8 Jan, 2015 | 1 comment

Dans la saga Alien, chaque film porte la marque bien spécifique de son réalisateur, créant ainsi une ambiance particulière, traitant du même sujet mais au travers d’une lentille différente. Les dernières productions en matière de jeu vidéo estampillés « Alien » tendaient à se répéter et à s’encoubler dans leurs propres travers. Si Ridley Scott a voulu un retour aux sources avec Prometheus, il est clair que le studio Creative Assembly souhaite également faire table rase du passé avec Alien Isolation.

Amanda Ripley. Un petit air de famille, non?

Difficile d’oublier le fiasco qu’était Aliens: Colonial Marines. Alors zou on balance tout et on revient à ce qui fait l’essence de cette franchise: les chocottes. Adieu les marines sûr-entrainés, les gros flingues et l’action rapide. Ici, vous incarnez à la première personne la fille d’Elen Ripley, mécanicienne de son état. Lorsque l’occasion d’enquêter sur la disparition de votre mère 15 plus tôt se présente, vous sautez sur l’occasion. Quelle bonne idée. Vous voilà donc embarquée en direction de la station spatiale Sebastopol qui détient la boîte noire du Nostromo, le vaisseau sur lequel prenait place les événements du premier film Alien. Évidemment, à peine arrivée, vous constatez que les communications sont coupées et après une collision accidentelle, vous êtes séparée de votre équipe et du vaisseau qui reste en orbite. Vous découvrez alors que la station est pratiquement abandonnée et que les rares habitants restants tentent de survivre à « quelque chose » qui rode.

On retrouve clairement une conception de l’environnement proche du premier film.

Cette première partie du jeu correspond à cette phase présente dans tous les films d’horreur. Vous savez quand les étudiants rigolent, se font des bisous, qu’il fait jour et qu’il y a de la musique de djeunz? Bon là, c’est tout désert et il fait sombre, mais vous sentez bien que tant que vous n’avez pas croisé la créature une première fois, vous pouvez courir comme un dératé et faire tout le boucan que vous voulez. On passe donc par une sorte de tutoriel très bien fichu, qui nous place naturellement dans des situations problématiques dont on doit se sortir et on comprend assez vite que nous serons amenés à faire pareil plus tard, mais sous stress, très certainement. Puis soudain, on y arrive: aaaah put***, la première vraie rencontre avec la bestiole est tellement flippante! C’est une séquence scriptée mais la mise en scène est telle que j’en ai arrêté de respirer quelques secondes. Il n’y a pas que l’alien comme ennemis, les humains et les synthétiques sont bien relous aussi, mais la tension n’a rien à voir avec celle des phases de chasse avec Bastien. Oui, j’ai décidé de l’appeler Bastien, ça le rend moins effrayant, un peu…

Des gens sont morts pour vous ramener ces images exclusives. Moi le premier.

Ce jeu nous apprend la patience. Rien ne sert de courir, il faut réfléchir, analyser la carte, être à l’affût du moindre bruit qui pourrait nous signifier la position de Bastien.On a bien sûr droit au fameux détecteur de mouvement, mais si vous le sortez trop souvent son bip-bip risque d’attirer Bastien. Alors on essaye, on tâtonne, on se rend compte que lors de notre première tentative on avait eu du bol d’y arriver de cette manière et on meurt. On meurt beaucoup dans ce jeu. Il faut dire que Bastien est une sale bête vicieuse, elle apprend! Si vous utilisez trop souvent la même technique pour lu échapper (se cacher sous un bureau, faire diversion, s’enfermer dans un cassier, etc), Bastien, finira par comprendre votre stratégie et vous fera passer un sale quart d’heure. Courir n’étant que rarement une bonne idée, vous avez meilleur temps de miser sur votre intellect. Amanda étant mécanicienne, vous allez pouvoir bricoler différents gadgets utiles avec le bric et broc que vous trouverez en chemin.

T’as l’air peu bien Clovis. C’est le menu de la cafète qui passe pas?

Manipulez l’environnement vous permttra souvent d’en apprendre plus sur les événements mais risque aussi de faire du bruit…

Au cours de notre exploration, on peut aussi ramasser des objets « bonus », ce qui constitue un peu le même défaut qu’avec Evil Within. Mais ils restent très anecdotiques et, pour ma part, je me suis cantonné au chemin le plus court dans un esprit de survie. D’ailleurs, si j’enchaîne ces deux jeux basé sur la peur, les deux ne sont pas similaires. Là où Evil Within mettait l’accent sur le gore, le grotesque et nous mettait mal à l’aise, Alien Isolation mise plutôt sur une peur primale, viscérale. Le jeu vidéo nous fait vivre des choses incroyables, de manière générale, et nous place souvent en position de quasi-toute puissance. Ici nous sommes faibles, tout nu, comme un petite souris coincée dans un labyrinthe. Le jeu joue avec nos nerfs comme avec notre sentiment de frustration puisqu’il faudra s’y prendre à de nombreuses reprises pour trouver la sortie. Par contre, quel grand sentiment d’accomplissement d’avoir échappé à Bastien et quand on rejoint, enfin, une zone sécurisé… mais l’est-elle vraiment? Diable, que cette mise en scène est efficace!

Bouffe moi vite, tu pues trop de la gueule!

Faire peur est une émotion facile à coder: un truc qui te saute à la tronche en faisant « bouh » et tout le monde sursaute, c’est quasi-universel. Mais arriver à maintenir cet état de stress et de tension, c’est un tour de force, avec des pics lorsque l’on sait Bastien proche de nous. Les sentiments et les émotions développés par chaque jeu, sont évidemment propre à chacun, mais il est rassurant de voir que les titres de cet acabit peuvent aussi fournir autre chose que de l’action sans état d’âme. Alien Isolation est, par ailleurs, particulièrement bien optimisé pour PC, ce qui est suffisamment rare ces temps pour être mis au crédit de Creative Assembly. Ceux-ci étaient plutôt connus pour leurs jeux de guerre historique, comme Total War: Rome 2. Ils se frottent donc, avec succès, à un autre genre et le côté simulation stratégique de leurs précédentes productions n’est sûrement pas étranger au gameplay de cet Alien Isolation, dans un grand respect du premier Alien. J’ai d’ailleurs même eu droit au chat, en vrai, qui m’a sauté sur les genoux pendant que je jouais, ce qui a failli me faire avoir une crise cardiaque. Si ça c’est pas un hommage…

A l’heure où j’écris ces lignes, il est minuit passé et je profite de la rédaction de ce test pour faire une pause et calmer mes nerfs avant de vite y retourner! … bon, je donnerais cher pour un gros flingue et lui faire sa fête de temps en temps, à Bastien. Sur ce, je vous laisse et ne me dérangez plus!

Note: 10 massages détente sur 10