Il y a des simulateurs de camions et puis il y a Road Kings. La différence est subtile, mais essentielle : ici, on ne joue pas un camion, on joue un camionneur. Une personne, une carrière, une ambition et parfois une envie un peu trop forte de griller un feu pour livrer à temps. Développé par Saber Interactive et édité par Focus Entertainment, le jeu se présente comme une nouvelle génération de simulation : plus humaine, plus risquée et surtout plus vivante.
La démo présentée à la Gamescom laissait déjà entrevoir l’intention : faire ressentir la vie sur la route, pas seulement la conduite. Le joueur débute en simple chauffeur, le genre à enchaîner les contrats modestes pour survivre, avant d’espérer bâtir sa propre compagnie, sa réputation et, pourquoi pas, un petit empire logistique. Road Kings, c’est autant un jeu de gestion de carrière qu’un simulateur de transport. Et c’est sans doute là que le titre se démarque le plus.
Le monde du jeu s’ancre dans le sud des États-Unis, entre la Floride et la Géorgie, le long de routes côtières pleines de contrastes : les paysages alternent entre autoroutes étouffantes, petites routes de campagne et zones industrielles abandonnées. Saber Interactive a misé sur un rendu très “cinématique”, avec une météo dynamique qui n’est pas qu’un élément visuel : les tempêtes, orages ou effondrements de route peuvent venir bouleverser un trajet en plein milieu d’une livraison. Ces conditions extrêmes ne servent pas seulement de décor spectaculaire — elles deviennent des adversaires à part entière, des obstacles vivants.
Mais là où Road Kings devient intéressant, c’est dans ses choix moraux. Le jeu ne se contente pas de vous dire quand dormir ou où livrer. Il vous laisse choisir. Respecter vos heures de repos et suivre le code de la route ? C’est la voie du bon sens… mais aussi celle du profit moindre. Prendre le risque d’allonger la journée, d’appuyer un peu trop sur l’accélérateur, ou de livrer malgré un pneu fatigué, c’est plus rentable, mais au prix d’une réputation écornée, d’une amende ou d’un accident. Le jeu transforme ainsi la route en un théâtre de décisions — pas toutes héroïques, mais toutes humaines.
Techniquement, le jeu s’appuie sur le Saber Engine, le moteur maison du studio, déjà éprouvé sur SnowRunner et MudRunner. On retrouve donc cette impression de lourdeur mécanique, ce soin dans la physique des véhicules, la gestion de l’adhérence, du poids, de la pluie, et des freins. C’est du sérieux, presque austère par moments, mais avec cette beauté propre à la simulation : celle du détail maîtrisé.
Au-delà du volant, Road Kings joue aussi la carte de la progression sociale. On parle ici de passer du statut de simple employé à celui de propriétaire-opérateur, de bâtir sa flotte, d’embaucher d’autres conducteurs, et même d’interagir avec d’autres compagnies créées par les joueurs. Car oui, le titre proposera un multijoueur asynchrone : on ne croisera pas les autres camionneurs sur la route, mais leurs actions, leurs contrats et leurs compagnies auront un impact sur le monde persistant. De quoi injecter un peu de compétition silencieuse dans un univers déjà très personnel.
Road Kings se veut ambitieux, presque trop pour un genre souvent discret. Il veut faire de la route un personnage, des kilomètres une épreuve, et des choix de conduite un miroir de votre façon de vivre. C’est un pari risqué, mais séduisant. Focus Entertainment et Saber Interactive semblent décidés à transformer la routine du camion en drame industriel, en une histoire de travail, de fatigue, de volonté et de compromis. Et si tout cela tient ses promesses, il y a fort à parier qu’on parlera moins ici de livrer des cargaisons que de livrer sa propre histoire.
Sortie prévue pour 2026 sur PlayStation 5, Xbox Series X|S et PC.
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