En 2017 il n’est plus nécessaire de trouver un titre un peu cool pour ses jeux. Il suffit de prendre un élément parmi les mécaniques de jeu qu’on place sur le devant de la boîte (le truc en plastique qu’on achète en grande surface et qui contient le DVD du jeu (le truc rond sur lequel est gravé le jeu et qui ressemble à un CD (le truc sur lequel… Bon, ok, je suis vieux))). Donc un peu comme si Super Mario Bros. s’était appelé Plombier, ou si Assassin’s Creed s’était appelé Escalade de tours et Half-Life: Pied-de-biche.
En plus ça marche bien ici, parce que « Arms », pour nous francophones, ça claque un petit peu genre classe à l’américaine. Mais là bas, leur jeu s’appelle « Bras ». C’est moins punk du coup. Mais la tendance s’est d’ailleurs retrouvée à l’E3. Le nouveau chapitre de God of War, s’appelle God of War, on ne s’embête pas à lui coller un 4. Spider-Man est démuni, Mario + The Lapins crétins Kingdom Battle et Vampyr sont à mi-chemin, alors qu’Assassin’s Creed joue la carte de l’originalité en s’adjoignant le suffixe Origins. Il y a bien des contre-exemples, mais quand on parle de l’essoufflement créatif des productions actuelles, cela commence aussi simplement par le titre. ARMS tente du moins quelque chose d’innovant en proposant de nouveaux personnages à l’écurie Nintendo. Qui prend le pari qu’on les retrouvera d’ailleurs dans un hypothétique nouveau Smash Bros. à venir? Ribbon Girl, Master Mummy, Spring Man ou Byte & Barq sont quelques exemples des combattants colorés et fringants que l’on peut incarner. Comme son nom l’indique, la principale mécanique de BRAS s’articule autour des mouvements de membres antérieurs. Contrairement à la plupart des jeux de combats qui affichent les personnages de chaque côté de l’écran, ici la caméra est fixée juste derrière l’épaule du vôtre. Vous avez ainsi une bonne vue sur l’adversaire en face. En suivant l’impulsion des Joycons dans chaque main, le bras se détache et suit l’angle donné. Il est possible de le modifier en cours de route pour créer des coups particuliers, des feintes ou des contre-attaques. En orientant les manettes sur les côtés, il est possible de se déplacer latéralement, tandis que les boutons L et R permettent, respectivement de sauter et d’esquiver.

Byte & Barq, le personnage ayant l’outrecuidance d’être deux. Se battre contre le policier et son chien qui bouge tout seul, qui a dit « cheaté »?
Indéniablement la carte du « motion gaming » nous est balancée en pleine face, telle l’identité de Jon Snow dans Game of Throne (on se calme, c’était il y a une saison en arrière). Si One-Two-Switch devait nous vanter les bienfaits (arf…) de cette manière de jouer, BRAS y ajoute la dimension compétitive. Souvenez-vous, dans la vidéo d’annonce de la Switch, on voyait une équipe de joueurs tout propres dans leurs beaux maillots d’e-sportifs, sous les projecteurs d’une arène. On nous annonçait donc que Nintendo allait faire son nid dans le monde sans pitié et chaotique du jeu vidéo professionnel. Alors que l’on se disait tous que Bras allait se jouer comme la boxe dans Wii Sports, force est de constater que la détection de mouvement fonctionne plutôt bien. Comprenez que, même en mode tablette, lorsque votre personnage est passablement immobile, les effets effets porté aux Joycon se ressentent vraiment. Votre adversaire se cache derrière un poteau? Pas de problème, envoyé votre poing, puis imprimez un arc de cercle pour l’atteindre. Un peu comme Angelia Jolie dans Wanted avec ses balles à trajectoire courbe (NDZyvon: « Arf les balles courbées d’Angélina Jolie! J’en suis encore tout émoustillé)!. Mais revenons à notre dossier « e-sport ». Contre une IA ne bougeant pas trop vite, le motion gamin fonctionne bien, mais lancez une partie en ligne et la rapidité d’exécution contraint rapidement à un enchaînement approximatif des coups en gesticulant devant sa TV. On troc alors les Joycons contre la manette pro et on retrouve un semblant de précision. On perd alors ce qui faisait l’originalité du titre et l’on se retrouve avec un jeu de combat assez médiocre lorsqu’on le compare aux cadors du genre.

Une jauge de « coups spéciaux » se rempli en prenant ou donnant des coups. Ils s’activent ensuite d’un simple bouton.
D’autres modes de jeux sont proposés, comme le fait de se passer une balle de volley par dessus un filet ou de tenter de refiler une bombe aux adversaires avant qu’elle n’explose, mais ceux-ci restent plutôt anecdotique. Le contenu du jeu solo est donc très limité et affronter l’IA n’offre que peu d’intérêt. Tout se passe alors en ligne. Semper Ludo ayant un sens prononcé de l’investigation, j’ai d’abord essayé le jeu à sa sortie où les serveurs étaient plutôt bien remplis. Les parties s’enchaînaient donc rapidement, grâce à un système de répartition des joueurs assez ingénieux. Si six joueurs se retrouvent dans le même groupe, il se peut que quatre d’entre eux disputent un match de volley pendant que les autres s’affrontent en 1V1. Cette méthode ne laisse, en revanche, pas le choix du type de partie. Il peut donc être assez frustrant de se retrouver sur un terrain à pousser de la balle, alors que l’on souhaitait en découdre avec ce maudit Kid Cobra. Impossible de quitter un match une fois celui-ci lancé. Le matchmaking n’existe pas vraiment et l’on se retrouve aléatoirement contre des boxeurs hors de notre catégorie. Il y a mieux comme sparing-partner. J’ai à nouveau essayé le jeu pour la rédaction de cet article (toujours attendre la fin de la premier vague…) et le rythme entre les parties est déjà moins soutenu qu’au début. Je suis curieux de voir ce qu’il en sera quand le mode en ligne de la Switch deviendra payant.

Certains combat se déroule à plusieurs en même temps. Là par exemple je me protège tel un pleutre en attendant que ces messieurs aient fini avant que je ne ramasse les morceaux…
Ni vraiment palpitant, ni suffisamment technique pour s’offrir une opportunité de s’implémenter dans la catégorie « poids lourds » de l’e-sport, BRAS divertira probablement vos gosses quelques heures, mais ne marquera pas les esprits dans la durée de par son contenu assez limité. Derrière une idée ayant au moins le mérite de vouloir proposer un univers nouveau, ne se cache malheureusement pas grand chose. Une exclusivité Switch qui manque d’arm-ature, bras-sse de l’air et risque de passer tantôt l’arm-e à gauche (NDZyvon: Com-Com-Com-Coooomboooo!!).
4 Joe Frazier sur 10