Attention, tenez-vous au pinceau, je bouge l’échelle ; je suis sur le point de dire du bien d’un jeu Switch, ça à la limite pourquoi pas, mais surtout de complimenter un DLC. C’est pas tous les jours que ça arrive.
Le mode solo du premier Splatoon n’était présent que pour remplir une case d’un cahier des charges. Ce qui, non seulement était assez absurde pour un jeu pensé multijoueurs (Overwatch, League of Legends ou PUBG, n’en ont pas, par exemple), mais en plus a donné lieu à un résultat sans saveur, ni originalité. Bourde qui a été simplement répétée dans Splatoon 2, illustrant ainsi un exemple très proche du copié/collé, auquel la Switch est désormais familière.
Alors forcément quand une « vraie » campagne, sous forme de DLC, a été annoncée, fatalement j’ai ricané. Octo Expansion se télécharge via le Nintendo eShop et posséder Splatoon 2 est obligatoire pour pouvoir y jouer.
On quitte momentanément la surface où se jouent les guerres de territoires à coup de peinture, pour plonger dans les méandres des tunnels de métro. Après avoir (très basiquement) personnalisé son Octaling, on fait face à un plan des voies, sur lesquelles chaque arrêt représente une épreuve. Pour pouvoir en trouver la sortie, un vieux téléphone d’urgence (oui oui) nous explique qu’il faudra rassembler les quatre « machins » (sic) dissimulés dans certaines stations. On retrouve l’ambiance complètement barrée de l’univers Splatoon. Chaque niveau est alors très spécifique.
Malgré son prix plutôt convenable (28 CHF, en plus des 60 CHF pour le jeu de base. Donc quand même 47% du prix de base, me précise C-3PO, euh, Vertigo), soyons réalistes en affirmant qu’Octo Expansion aurait pu (dû ?) être intégré directement à Splatoon 2 comme mode solo. Et puisqu’on en est aux remontrances, relevons que les niveaux impliquant des mécaniques de plateformes ne collent pas avec le gameplay atypique de Splatoon et donnent l’impression d’avoir été rentrées dans la case aux forceps. Avec ses sauts caractéristiques, courts, hauts et lents, il devient très frustrant de négocier les passages d’un rebord à l’autre. N’est pas Super Mario qui veut.
Maintenant que nous nous sommes débarrassés des deux points négatifs, laissons la place aux arguments en sa faveur. À commencer par une durée de vie tout à fait correcte, puisqu’une vingtaine d’heures permettra de voir le bout du tunnel. Ceci est notamment dû à une difficulté parfaitement dosée. Par rapport aux productions Nintendo de ces cinq dernières années, c’est particulièrement jouissif de perdre, de sentir l’énervement, de tenter, encore et encore, jusqu’à ce que ça passe. C’est à ce moment-là qu’on apprécie la progression des habiletés et la satisfaction qui va avec.
Les niveaux peuvent se parcourir dans l’ordre que l’on souhaite, à condition de suivre une ligne de métro. On peut en changer à chaque intersection, mais suffisamment de crédits sont nécessaires pour pouvoir se lancer dans le défi. C’est une bonne idée supplémentaire : on doit payer un ticket d’entrée pour le niveau et chaque succès en offre un nombre plus grand en guise de récompense. Libre au joueur de retourner vers un précédent pour refaire le plein, ou de tenter une autre ligne, si l’épreuve en question s’avère trop difficile pour le moment. Si le compteur tombe trop bas, il est également possible d’emprunter de l’argent, qu’il faudra ensuite rembourser au fil de l’aventure.

2018 oblige, il est quand même possible de dépenser des crédits pour passer des niveaux qui donnent du fil à retordre.
Terminons avec l’argument qui m’a scotché à ma Switch ces derniers jours et qui m’a ralenti dans ma rédaction tant que je n’étais pas arrivé au bout : la créativité. Si les niveaux plateformes ne sont pas un franc succès, ceux faisant appel aux mécaniques propres (et magistrales) de Splatoon représentent une succession de réussites. Que ce soit utiliser la peinture pour se dissimuler et infiltrer les lignes adverses, reproduire une statue, faire évoluer une boule de billard géante en suivant les traces de peintures, affronter une réplique de Space Invaders, ou d’un « tower defense », trouver son chemin dans un labyrinthe en exploitant les propriétés de calamars, chacun a été une agréable surprise, bénéficiant d’un game design efficace et réjouissant.
Si vous avez encore des heures de voyage à prévoir devant vous cet été et que vous possédez déjà Splatoon 2, je ne saurais que trop vous recommander cet excellent DLC. Aïe j’ai mal rien quand le disant, mais comme quoi tout arrive.
Note : 9 poulpes à la galicienne sur 10