La gêne analogique de la morale [ Days Gone remastered ]

Si vous m’avez écouté blablater dans notre podcast N°34, vous savez que cela a plutôt mal démarré entre Days Gone et moi. Si cela s’est un peu amélioré par la suite, soyons honnêtes, cela ne s’est pas « assez » amélioré. Je vais tout de même tenter de vous transmettre quelques infos pour que vous puissiez décider par vous même si le remaster de cet enfant bâtard de Sons of Anarchy et de Walking dead est fait pour vous.

En 2025, nous remasterisons les enfants bâtards, eh oui, monsieur. Parce qu’effectivement, le concept de Days Gone Remastered (sortie originale en 2019, PS4) donne plutôt envie. Se balader en moto dans les paysages magnifiques de l’Oregon, ses forêts, ses montagnes, ses petites rivières et ses hordes de zombies, tout un programme. Finalement, ce n’est pas tant le concept qui pèche. Le jeu manque simplement, et cruellement, d’une âme. On a l’impression qu’il est bâti uniquement sur cette bonne idée, mais sans réel matériel pour le nourrir.

Cela me fait penser à mes scénarios de JDR il y a 20 ans quand je pensais que le twist final du scénario, ou juste une seule idée saugrenue, allait suffire à faire une bonne partie et je bourrais le reste d’éléments random qui tenait plus ou moins ensemble : « Un biker et des hordes de zombies, l’idée du siècle ! Le reste ? On verra bien. » OK je l’avoue je suis dur avec Days Gone Remastered, mais qui n’aime pas vraiment châtie bien, aussi.

 

Days Gone Remastered Oregon

L’Oregon remastérisé ça claque quand même.

 

Sons of Nanar-chy

Le plus gros défaut du jeu vient clairement de l’écriture, à la fois des personnages et de la narration. Le personnage principal et son code moral à 1,5 centimes de roupille en action chez Liddle nous amènent à ne pas pouvoir s’identifier à lui ou même apprécier cette espèce de « Self-righteous Benet ». Oui, ce terme existe dorénavant en novlangue. Les blablas dans une cut-scène ridicule sur le fait de ne pas vouloir de tuer de femmes pour ensuite tuer de façon totalement arbitraire des campements entiers de « bandits » (lire : des survivants qui n’appartiennent pas au même groupe que moi), sous prétexte que ce sont des méchants meurtriers. Alors que nous, ben on est le bon meurtrier quoi. Tu vois celui qui tue des femmes (comme des hommes), mais qui fait un petit discours plein de remords et de culpabilité après.

 

Days Gone Remastered enfant

Sur le toit, en position de Gollum, vous trouverez l’un de ces fameux enfants-zombies prompts à vous jeter des cailloux et titiller votre sens moral.

 

Et puis n’oublions pas qu’apparemment tuer des enfants-zombies à coup de batte de baseball ne nous gratifie pas d’une meilleure réflexion que « Damn those little shits are fast », ou quelque chose dans le genre. Bref, apparemment le quota de réflexions morales de Deacon St-John semble avoir été dépassé par la situation des femmes en temps de guerre (oui oui, le protagoniste s’appelle vraiment comme ça). C’est vrai, je le remarque maintenant, notre personnage se pavane avec son nom de lord alors que son meilleur pote s’appelle Boozer. C’est probablement pour montrer la noblesse de ses trois neurones aptes à développer une réflexion éthique.

L’histoire elle-même n’existe pas assez au cours du jeu pour vraiment mériter trop d’attention. Il y a les méchants de l’armée qui font des expériences sur les zombies, des flashbacks vraiment niais sur la rencontre entre Deacon -Lord- St-John et feu sa copine, les antagonismes habituels inter-camps-de-réfugiés-en-période-d’apocalypse-de-zombies, bref… rien de nouveau sous le soleil de l’Orégon. En tout cas rien qui ne nous tienne en haleine.

 

Days Gone Remastered Deacon

Regardez-moi ce charisme sans limites. Le croisement parfait entre Patrick Sébastien et un labrador.

 

Un décor de Carpe Postale

Ce jeu de mot est inutile et gratuit ; de rien. En vrai, comme il se dit maintenant, le jeu est beau et très agréable à parcourir sur le dos de notre fidèle destrier de métal. Eh oui, le jeu a des points positifs, on ne le dirait pas à mon ton revanchard, mais je pense que Days Gone Remastered n’est pas si mal, même s’il n’a pas su s’attirer ma clémence. Les décors de l’Oregon sont franchement bien fichus. Ces magnifiques moments de road trip dans les forêts, le long de rivières et sous le regard de majestueuses montagnes nous aident à apprécier le ronronnement du moteur de la moto de Deacon -pas Frost- St-John. La maniabilité de la moto est franchement jouissive avec la Dual Sense aussi. Les vibrations et le feedback de la rigidité des gâchettes sont très bien utilisés. On kiffe donc sa race assez souplement.

 

Days Gone Remastered moto

Conduire la moto de notre Deacon national fait partie des gros plus du jeu. Laissons-lui cela.

 

Les combats sont plutôt sympa aussi sans être vraiment complexes. J’ai largement préféré les combats, très classiques, contre les humains que contre les zombies qui finissent souvent en courses poursuites auxquelles il ne manque que la musique de Benny Hill. Les combats contre les hordes semblent plus intéressants, ou simplement impressionnants, mais n’ont pas suffit pas à attiser mon intérêt.

Et puis il y a cette foutue nature. D’accord, on veut la sauver et tout et tout, mais est-ce qu’on imagine qu’en cas d’attaque de zombies on va aussi se faire attaquer par des loups en même temps ? Hein ? Qui a eu cette idée franchement. Non OK, l’idée n’est pas forcément mauvaise, mais au niveau de l’expérience de jeu elle-même c’est simplement extrêmement agaçant. Le fait d’avoir parfois trois « camps » d’ennemis qui peuvent surgir en même temps rend l’ensemble fatiguant. On fuit les zombies. On se prend une balle d’un sniper d’un camp de bandits. Et BIM, Jean-Paul le loup nous attend derrière un buisson. On se croirait dans le Jura.

 

Days Gone Remastered zombies

Toute la romance d’une course poursuite à la belle étoile pour ne pas se faire manger le foie par une horde de touris… euh de zombies.

 

Ours. Tunnel. Monde ouvert.

Kamoulox. Ce sous-chapitre servira uniquement à exprimer ma frustration pour une séquence de jeu qui m’a poussé à juste laisser tomber Days Gone Remastered. Tout commença avec une mission de la trame principale qui nous amène à sauver une jeune fille apparemment pas tellement au fait avec ce qu’il se passe autour d’elle. Cela commence mal, Days Gone m’empêchant de faire ce que je veux.

Alors que je décide de finir une mission secondaire qui consiste à brûler les nids de zombies de la zone avant de lancer la mission principale, ce qui m’amène à courir avec des zombies aux fesses au clair de lune, BAM la camera interrompt l’action, fait un gros plan sur le décor, passe de la nuit au jour et me montre soudain mon personnage là, debout comme un gland, pour le début de la mission. Les zombies nocturnes ayant été renvoyés aux vestiaires en même temps que la nuit. Comment rompre l’immersion 101.

 

Days Gone Remastered route

Vrooooooooooooom (plus d’inspiration désolé)

 

La mission démarre donc contre mon gré. Après avoir massacré une vingtaine de méchants meurtriers (les mauvais donc, pas comme Deacon -his holiness- St-John), le jeu fait un gros plan sur l’arrivée du boss : un fucking ours. Un bon gros comme ils savent en faire chez l’oncle Trump.

Alors tout à coup il y a un énorme grizzly au milieu du parking. Une barre de vie de boss apparait. Et malgré le fait que l’ours se balade et que je pourrais absolument prendre ma moto pour me barrer, avec la jeune fille que je dois sauver, économiser mes munitions, ma santé et celle de l’ours, éviter d’attirer plus de zombies… autrement dit: faire ce qui semble de loin la seule chose logique et pertinente pour survivre dans cette situation… Eh bien non, vous l’avez deviné, le jeu exige de nous de tuer le méchant ours parce que c’est un boss. C’est nullissime.

 

Days Gone Remastered ours

Il ne faut pas vendre la peau de l’ours. Du tout. C’est pas bien. Ne tuez pas d’ours.

 

S’en suit une scène également fantastique où le jeu -veut- nous faire passer dans un tunnel rempli de bandits armés jusqu’aux dents. Toujours avec la jeune fille terrorisée que l’on doit protéger. Lorsque j’ai essayé de prendre l’un de milliers d’autres itinéraires de ce monde ouvert (lol) pour contourner ce tunnel ultra dangereux, non, le jeu me dit, alors que je suis sur ma moto avec la jeune fille sur le siège arrière : vous êtes trop loin de la jeune fille. Et il me renvoie au début de la mission. Oh. My. God. 

 

Days Gone Remastered tunnel

Les tunnels c’est pas le kiff, mais alors pas du tout. Surtout quand le jeu décide pour vous, tel un Google Map enragé, que vous n’avez pas le choix d’y aller.

 

Walking – avec un déambulateur – Dead

Le remaster en lui-même apporte surtout une refonte technique réussie, avec un 60 fps solide sur PS5 et des graphismes franchement agréables et des temps de chargement réduits. De plus quelques modes ont été ajouté pour soit se frotter directement aux fameuses hordes, soit jouer en mode hardcore (avec une seule vie). C’est au final un très bon remaster d’un jeu que je n’aime pas.

En résumé, je pense que Days Gone Remastered peut être un bon achat, en solde. Si vous avez envie de vous faire un petit trip de zombies en moto, que les paysages boisés vous plaisent. Et surtout que les défauts susmentionnés ne vous filent pas autant la peste-bubonique-psychosomatique qu’à moi.  Farewell Deacon -le philosophe à roulette- St-John !

 

Note : 6 Deacon – le meurtrier éthique – St-John sur 10 

Testé sur PS5, dispo également sur PC.

 

Author: Teiki

Recrue la plus prolifique du mercato du marché suisse romand du jeu de mots à 5 syllabes, Teiki (El Matador pour les intimes) est LE nouveau ancien rédacteur de Semper Ludo. Il gravit vite les échelons et grâce à quelques coups de langue bien placé, le voilà déjà en train de remplacer Founet à l’animation de Podcast. Son talent de marchandage s’est créé tôt dans sa jeunesse où il devint un pilier de l’échange d’objet inutile dans Everquest. C’est certainement cet événement qui l’oblige inlassablement à jouer à des jeux avec du loot vert, bleu, violet et orange. Ancien champion de pétanque sans cochonnet, lors d’un accident de roulade, il dû se reconvertir à la randonnée avec les pieds. Son corps est un temple où seules les personnes qui ont enlevé leurs chaussures peuvent entrer.

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