Gamescom 2024: Woodo (Yullia Prohorova, Timur Bogotov)

Vous connaissez le principe des « wholesome games ? » De l’anglais « jeux sains », donc des jeux qui s’approchent plus souvent d’une expérience interactive, mais qui ont comme objectif que l’on s’y sente bien. Une catégorie spécifique a d’ailleurs été ajoutée dans les récompenses décernées aux « Gamescom Awards ».

Woodo est l’un de ces jeux qui commencent à se faire de plus en plus connaître. Son titre contient un habile jeu de mots qui nous oriente vers l’idée du bois et de l’envoutement. Et ça fonctionne. Immédiatement en voyant la qualité des textures appliquées se produit un effet de fascination qui donne presque envie de toucher ces petites pièces « de bois ».

C’est l’œuvre d’une artiste russe du nom de Yullia  Prohorova qui s’est évertué à rendre Woodo le plus confortable et relaxant possible, via la création visuelle sous Blender. On y suit l’histoire de la renarde Foxy (oui, on peut être très inspiré en termes de textures, mais plus trop en ce qui concerne les noms) qui doit affronter ses peurs lorsqu’elle doit déménager de la ville à la campagne, elle qui ne vit que pour ses écrans, ses réseaux, sa vie trépidante de citadine et devra se reconnecter à son « enfant intérieur ». … OK, on peut AUSSI être très douée en termes de textures, mais ne pas éviter des clichés narratifs de la taille de l’ego de Kojima.

 

Woodo gamescom 2024 foxy

 

Foxy (gnnn) va donc se familiariser avec son nouvel environnement en reprenant contact avec les lieux de son enfance, comme la maison de sa grand-mère par exemple. Dans un environnement où semble « touchable », une scène nous est présentée comme si elle était dénuée de vie. En trouvant la bonne place pour chaque objet de la liste se trouvant sur la droite de l’écran, la scène s’anime petit à petit en se dotant de couleur, des textures et de mouvements.

 

Woodo gamescom 2024 maison

 

Aucun objectif de challenge, les objets ont déjà la bonne taille et la caméra se tourne automatiquement pour orienter notre regard vers la bonne zone. C’est le genre de jeu à faire lorsque l’on rentre du job, pour se détendre, se relaxer, se mettre au calme et profiter de sa dopamine, nous a expliqué l’attachée de presse. Je dois vous dire que j’ai failli en casser mon stylo. Ce truc mal compris de dopamine se retrouve vraiment partout et devient même un argument marketing. Le fait qu’un besoin de ce genre de produit se fasse ressentir me paraît tellement symptomatique d’une société dysfonctionnelle.

Je n’ai rien contre ce type de jeu (et l’effet relaxant est avéré), mais mon côté révolté me donne envie de crier « Levez-vous et battez-vous pour changer un système stressant et oppressant, plutôt que d’aligner des petites formes en bois, tonnerre de Brest ! » (mon côté révolté a été capitaine du Karaboudjan). Je suis totalement pour que les jeux vidéo s’articulent autour d’autres valeurs que celles habituelles, mais je trouvais cocasse qu’un jeu voulant inspirer la détente ait provoqué chez moi un sentiment de révolte. Ah, la psychologie. [NDTeiki : Avez-vous entendu parler de notre sauveur, le glorieux Space Marine 2 ? Parce que niveau dopamine, détente cérébrale et révolte, ça en envoie, du bois.)

À ce propos, justement, lorsqu’on nous a expliqué que l’artiste avait décidé de quitter la Russie au début de l’invasion de l’Ukraine, je me suis risqué à demander si elle avait également créé Woodo dans une démarche cathartique ou d’apaisement d’un trauma (ce qui me semblerait tout à fait pertinent et d’autant plus intéressant à raconter). Malheureusement, je n’ai obtenu comme réponse que « On ne parle pas de ce genre de choses, mais vous pourrez lui poser la question si vous la trouver dans la zone publique », tandis qu’une journaliste très nerveuse à côté de moi arrachait presque la souris des mains de notre hôte qui ne trouvait pas les bonnes pièces assez vite selon elle.

 

cupcake Woodo gamescom 2024 maison

 

Woodo est prévu pour sortir sur toutes les plateformes (ils envisagent même la Switch 2), mais pour l’instant rien de plus précis. Ils ne sont que deux à travailler dessus et l’éditeur Daedalic ne souhaite pas leur mettre la pression, ce qui serait quand même contraire au principe du jeu… Ce qui serait synonyme de changement progressif et discret du système par la manière douce ? Mon côté révolté a soudainement envie de toucher des trucs, en bois par exemple.

 

 

Retrouvez l’ensemble de nos articles concernant la Gamescom ici.

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

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