St-Adia, priez pour nous [Stadia]

Google est une petite boîte qui fait gentiment sa place « sur la toile », comme on dit chez les gens branchés. Internet représenterait l’avenir, d’après les experts et ce phénomène devrait retenir toute notre attention. Ainsi, cette entreprise basée en Californie fournit un système efficace pour chercher des informations rapidement et en toute transparence sur l’ensemble des sites web. Une fois leur notoriété installée, il n’est pas à exclure qu’ils tenderont à se diversifier, en se profilant dans le secteur très en vogue du jeu vidéo. Je préfère expliquer depuis le début, vu qu’en Suisse on a souvent tout après tout le monde, comme par exemple le lancement du service de jeux en ligne Stadia.

J’aime bien faire des blagues. Du genre, quand je dis en décembre « On vous en dira plus sur Stadia à la fin de la semaine » et qu’en fait c’est en début mars que je le fais. Haha, qu’est-ce qu’on a rigolé avec les copains ! À ma décharge, j’ai été passablement occupé par le projet Cœur à Cœur. Non, arrêtez, je n’irais pas jusqu’à parler de « Bruce Wayne helvétique », mais c’est vous qui l’aurez dit, petit coquin. Bref, Google nous a fait parvenir un exemplaire de leur console Stadia pour qu’on puisse évoquer son arrivée sur le territoire suisse en fin 2020. Je parle de console, mais en réalité, c’est un package Premiere Edition. Il comprend une manette dédiée, un câble de charge, un support à smartphone pour y glisser ladite manette et un Chromecast (le boitier de Google permettant de diffuser du contenu vers un écran, sans fil).

Stadia pizza

Mobilité douce

L’argument massue de Stadia est de pouvoir jouer où vous voulez, sur n’importe quel écran, et reprendre l’action exactement là où elle s’était interrompue. La Switch propose déjà cette possibilité en local (mettez la console en veille et réactivez-la à votre guise, le jeu reste en pause). Et le service Cloud de Microsoft permet aussi de passer d’un support à l’autre (d’une Xbox à un PC, par exemple). Mais celui-ci fonctionne plutôt en termes de sauvegardes. Le cloud chargeant la dernière enregistrée. C’est le cas pour le moment depuis un PC ou une console, mais nous n’avons pas encore eu l’occasion de tester en situation avec la génération de Xbox Series.

A contrario, les jeux Stadia tournant intégralement sur un serveur distant, il est tout à fait possible de commencer à jouer sur votre ordinateur (via le navigateur Chrome), de fermer la fenêtre et de reprendre exactement au même endroit depuis votre téléphone, dans le bus ou aux toilettes du bureau. L’avantage étant alors que, quelle que soit la puissance de l’appareil, votre jeu tournera sans problème, moyennant une connexion Internet suffisante (attention, dans le train, par exemple, ça peut devenir injouable si on traverse un trou du réseau).

Stadia Manette

La manette est plutôt de bonne facture. Ni révolutionnaire ni déplaisante.

 

Chasseur de stream

Technologiquement, c’est facile d’utilisation et assez impressionnant (si vous lisez cet article en 2054, vous avez probablement un sourire amusé). Mais dans la concrétisation, c’est une autre paire de manches. Si vous jouez sur un ordinateur, avec une manette branchée en USB, aucun problème, tout se déroulera comme un plan d’Hannibal Smith. En revanche, jouer sur son téléphone ou via le Chromecast conduit à des difficultés de synchronisation de la manette. Il faut appuyer sur une série de touches et parfois ça marche, d’autres fois non, sans qu’on ne sache trop pourquoi. Sur smartphone, il devient plus intéressant (et plus simple) de coupler une manette traditionnelle en Bluetooth (PS4, PS5, Xbox One ou Series).

Stadia moteur de recherche

Non mais allô, t’es Google et t’as pas de moteur de recherche dans ton catalogue de jeux?!

Catalogue

Mais avant ça, il faut également disposer d’un accès Google. Donc si vous avez une adresse Gmail, vous avez Stadia. Enfin, vous avez un compte ouvert. Pour jouer aux jeux, vous avez maintenant trois options :

  • Vous ne profitez que des jeux gratuits, au nombre faramineux de trois (dont Destiny 2) [NDTeiki: Hein, quoi, on m’a appelé ?]
  • Soit vous achetez vos jeux à l’unité, avec quelques offres de rabais. Mais celles-ci ne parviennent pas vraiment à rivaliser avec les géants tels que Steam, Ubisoft Connect, Origin ou Epic Game Store. Mais c’est surtout les jeux actuels qui sont vendus à prix d’or par rapport aux autres services. Par exemple Hitman 3 à 80 CHF et trouvable une dizaine de francs moins chers sur d’autres services.
  • Ou alors vous privilégiez l’offre Pro, ou communément appelée « à la Netflix ». Pour la somme de 11 CHF par mois, vous aurez accès à un catalogue de jeux plus large. De nouveaux titres y sont également ajoutés mensuellement. On y trouve d’excellents titres, comme Little Nightmares 2, Hotline Miami, PUBG, entre autres, voire même quelques exclusivités comme Submerged : Hidden Depths ou Orcs must die! 3. Mais les jeux hors catalogue seront toujours vendus à l’unité, sans rabais.
Submerged

Submerged : Hidden Depths, une exclusivité qui a au moins pour elle de proposer un environnement intriguant.

How Stadiare you?

Et l’écologie? Parce que c’est sympa de ne plus avoir à produire de consoles et de tout centraliser sur des serveurs planqués au fond de l’océan ou d’un désert, mais est-ce que le rendement en vaut la peine? Comme mentionné ci-dessus, la puissance de votre bande passante définira la qualité en termes de fluidité et d’affichage. Si Stadia est capable de fournir une résolution en 4K dans les meilleures conditions (et un abonnement Pro), dès que la connexion devient instable, la résolution diminue afin de ne pas perdre en fluidité. Exactement comme c’est le cas quand vous regardez une vidéo sur YouTube, par exemple.

Stadia performances

Meilleure est la bande passante, plus joli est le jeu. (Proverbe californien)

 

Dès lors que l’on voit qu’il faut compter entre 4,5 et 20 Go par heure pour maintenir cette qualité de jeu, et que si le même jeu était installé sur votre disque dur il n’utiliserait cette place qu’une seule fois, on peut se demander si c’est la meilleure option pour préserver le permafrost et assurer la survie de l’espèce humaine. Après, on peut aussi considérer que s’éteindre en jouant aux jeux vidéo peut sembler un programme intéressant.

Pour ma part, je suis surpris qu’avec le développement généralisé de cette technologie du Cloud Gaming, et vu l’engouement actuel pour les questions d’écologie, qu’aucun des fournisseurs n’ait mis cet aspect en avant. Mon côté méfiant aura vite fait d’en arriver à la conclusion que le bilan ne doit pas être optimal. Dans le cas contraire, ils auraient là un argument marketing en béton (mais en béton recyclé, écolo).

Le Dr Vertigo ramène sa science

Tel un Beetlejuice, Founet vient de m’invoquer en prononçant les mots « écologie », « béton » et « permafrost ». Il est tout à fait légitime de se demander si le courant nord-atlantique peut survivre dans un monde où chacun peut jouer n’importe quel triple A en 4K sur son téléphone. La science s’est elle aussi penchée sur la question, bien avant notre rédacteur en chef, aussi clairvoyant soit-il. Sans pour autant m’étaler ici (parce qu’on risque fort d’aborder le sujet en détail dans un prochain podcast), je vais juste citer une étude, qui se base sur un jeu comme Metro Exodus (70 Go), demandant une vingtaine d’heures pour arriver au bout et tourne en 4K à 60 fps. Le « quota réseau » de 70 Go est atteint après quatre heures pour du cloud gaming en 4K et seulement vers la fin du jeu si le joueur se contente de 720p. Je vous laisse méditer.

 

Fermeture anticipée

À peine quelques semaines après l’arrivée de Stadia sur nos Terres du Milieu (de L’Europe), Google annonçait la fermeture de leurs studios dédiés aux développements de jeux exclusifs, sans avoir rien produit au final. Ce qui n’est pas vraiment de bon augure. Les quelques exclusivités que je mentionnais précédemment sont donc le fruit du travail de studios ayant été mandatés à l’externe. On peut éventuellement envisager cette stratégie comme privilégiant les pôles de compétences existants plutôt que de réinventer la roue. Mais de l’extérieur, cela donne quand même l’impression de voir l’apprenti sorcier tenter de mélanger des potions pour voir ce qu’il en sort.

Les experts financiers diront probablement que peu importe! Car la firme californienne n’est pas en situation de risque. Elle peut donc se permettre de tâter le terrain, de lancer une salve de boomerangs et voir ensuite lesquels reviennent. C’est toujours là où les intérêts des joueurs et de l’industrie peuvent se mettre à diverger.

catalogue payant

Extrait du catalogue payant.

Stadia pour les papas et les mamas

Un lancement que l’on peut considérer de raté, de par son manque de visibilité, une arrivée tardive chez nous, un catalogue peu fourni et compliqué à utiliser; tout semble indiquer que Stadia ne fera pas long feu. Pourtant, la technologie reste impressionnante et je pense que ce service comblera les parents. Comprenez ici que le joueur passionné aura déjà accès aux jeux proposés par Google et ne verra que peu d’intérêt à ajouter un support de plus.

En revanche, le « parent », celui ou celle qui n’a plus le temps de jouer à 365 jeux par année, qui a parfois la « flemme » d’allumer sa console ou son PC le soir pour lancer une partie d’un jeu qui va lui demander un minimum de deux heures d’affilée, celui-ci devrait y trouver son compte. En effet, l’idée de se lancer dans une centaine d’heures pour un Assassin’s Creed peut en décourager plus d’un avec l’âge, car il faut pouvoir se ménager du temps entre deux sauvegardes. Mais si la possibilité existe de casser ce schéma de rythme, en proposant de jouer sur de courtes périodes (train, pause de midi, en attendant le gamin à la sortie du cours de capoeira synchronisée), en achetant un seul jeu à 80 CHF par année, je suis assez persuadé qu’il y a un marché à qui Stadia peut correspondre. Affaire à suivre.

https://www.youtube.com/watch?v=YUX3trjOJgc

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

Share This Post On

Submit a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *