Un animal qui parle, des intrigues policières et des personnages aux yeux démesurés ? Aucun doute, il s’agit de Detective Pikachu ! Pas du tout. Cette odeur de pudding rance, cette fine couche de poussière de charbon et cette technologie désuète ; tout porte à croire que c’est L’Aventure Layton. Élémentaire.
Pour ceux qui ne jurent que par la PC master race, voici un condensé de la formule Layton. Née sur Nintendo DS, la série des Professeur Layton se joue comme un point and click, grâce aux capacités tactiles des consoles portables de l’oncle Nintendo. On assiste le professeur Hershel Layton et son jeune apprenti Luke dans la résolution d’enquêtes souvent mystérieuses et farfelues aux quatre coins du monde. Le jeu est séparé en une partie d’exploration où l’on peut interagir avec le décor et les badauds, et une autre dans laquelle on résout les énigmes dénichées au fil de l’aventure. Les fameuses énigmes mêlent logique, déduction et même mathématiques pour offrir une grande variété au joueur. Dans L’Aventure Layton : Katrielle et la Conspiration des millionnaires, on ne suit pas ce vieux Hershel, mais sa fille Katrielle, elle aussi portée sur les mystères et le darjeeling.
Layton modernes
De réalisation nippo-japonaise, le jeu et ses intrigues se déroulent à Londres… Ou plutôt dans une ville telle que les Japonais s’imaginent Londres. En effet, l’un des charmes du jeu est son côté intemporel. L’architecture de la cité est moderne, mais pas récente, la mode vestimentaire est légèrement désuète, mais pas victorienne non plus. Le rendu cartoon donne un air de carte postale à tous les lieux visités et rend le tout cohérent. La patte japonaise se voit dans l’animation des personnages, dont les réactions sont parfois tout droit sorties d’un manga.
L’aventure n’est pas continue, mais divisée en chapitres qui n’ont que peu de liens entre eux, si ce n’est les protagonistes. Mention spéciale pour le doublage en anglais par de vrais British (roux sans doute) et des accents typiques pour les individus stéréotypés. Assez tôt, un personnage antagoniste à Katrielle est introduit, Emiliana. C’est un moment qui m’a amusé, car Emiliana se vante justement de résoudre ses enquêtes avec force raisons et preuves tangibles. Une vraie détective en somme ! Tout le contraire de Kat, qui réfléchit avec ses tripes. Katrielle l’héroïne lui rétorque métaphoriquement que « If it’s stupid but it works, it ain’t stupid. ». Juste ce qu’il faut d’autodérision à l’anglaise.
Les à-côtés de l’enquête (sortes de quêtes secondaires) sont globalement du copier-coller des titres précédents : une garde-robe et un bureau à rafraîchir, une collection d’objets exquis et absurdes et les énigmes quotidiennes durant la première année suivant la sortie du jeu. On retrouve également les mini-énigmes annexes, où il s’agit d’aider des Londoniens avec leurs problèmes alimentaires (pas étonnant quand on sait ce qu’ils mangent).
Un nuage de lait dans votre eau chaude ?
Que la formule s’essouffle ou que je devienne vieux, je trouve que certaines énigmes ont parfois des solutions un peu tirées par les cheveux. J’ai ressenti le niveau de difficulté comme étant un cran en dessous des précédents titres. Cela dit, ça nuit peu à l’amusement et c’est peut-être une conséquence du compromis multi plateforme choisi par Level-5. Car — oui ! — ce titre ainsi que les deux premiers de la série originale (L’étrange village et La boîte de Pandore) sont disponibles en version HD pour smartphone. Cela se voit aussi sur l’ergonomie du jeu : on peut y jouer à la manette, en pointant avec les Joy-Con ou de manière tactile en n’utilisant que le centre de la Switch. Tous les modes répondent au doigt et à l’œil. Bonne maîtrise du hardware en somme. Rappelons également que L’Aventure Layton : Katrielle et la Conspiration des millionnaires est avant tout le portage d’une version sortie sur 3DS en 2017. D’ailleurs, son vrai nom est (final twist !) L’Aventure Layton : Katrielle et la Conspiration des millionnaires – Édition Deluxe. Édition parce que ce jeu est vraisemblablement édité, et Deluxe parce que ça inclut le DLC des tenues pour la jeune enquêtrice et des énigmes supplémentaires.
Dans l’ensemble, L’Aventure Layton est un jeu agréable à jouer et visuellement plaisant. Même s’il continue de presser le jus de la série Layton, le soupçon de nouveauté et l’imprévisibilité du scénario présents à chaque épisode évitent la redondance. Bien sûr, les aventures de Katrielle « Létonne » se jouent aussi en audio et sous-titres français !
Note : 7 no-deal-Brexit sur 10